Frédéric HELBERT, journaliste d'investigation

Notre rôle n’est pas d’être pour ou contre, il est de porter la plume dans la plaie. (Albert Londres)


Nairobi: Assaut, otages, Armée, Shebab, stratégies… la situation vue par un ex GIGN

Publié le 23/09/2013 à 10h06 | , , , , , , , ,  | Écrire un commentaire

Point Situation

Ce matin le face à face continue. Dans un de leurs premiers messages de revendication, les shebab avaient prévenu: « Vous vous souvenez de Bombay. Vous allez connaitre un nouveau Bombay. Le calvaire sera long« . A Bombay, après une tuerie de masse, tous azimuts, les assaillants pakistanais, liés  à al Qaida, s’étaient retranchés dans un palace « le Taj Mal » (évoqué ds un de leurs messages), ou l’affaire avait tourné au cauchemar. Clients tués,pris en otages, hôtel mis à feu, jusqu’à l’assaut final. Les similitudes sont là. Commando lourdement armé, parfaitement équipé, d’une détermination implacable voulant faire un maximum de victimes, prêt à aller au martyr. 171 personnes avaient péri dont 29 étrangers avant un assaut final donné contre le commando suicide par une armée peu expérimentée pour faire face à ce type de situations. Le commando de Bombay en liaison avec ses chefs avaient reçu l’ordre de tenir le plus longtemps possible, pour occuper le terrain médiatique, et garder braquées sur eux les caméras du monde entier. A Nairobi, le commando de shebabs parti pour une mission suicide fait aussi durer le calvaire, en détenant encore des otages, après avoir tué au moins 70 personnes. Dont des occidentaux. Peu après midi aujourd’hui, si le  « shopping center » reste occupé, les terroristes armés tout aussi lourdement que ceux de Bombay, animés d’une détermination à toute épreuve, et gardant  » sous leur contrôle » un nombre non connu, indéterminé d’otages, le calvaire rentrera dans son troisième jour.

Les opérations?

Elles restent mystérieuses pour les journalistes, envoyés sur place, tenus à l’écart, loin du « Mall ». L’armée ne cesse de répéter depuis hier qu’une opération majeure a été lancée, que l’issue est proche. Le périmètre est sporadiquement secoué par le bruit d’explosions suivis de quelques coups de feu. Certains croient y déceler à chaque fois l’assaut final. Il n’en est rien. « L’armée doit tenter de sécuriser les arcanes du labyrinthe dit un expert, ex-membre du GIGN. Mais le Kenya n’a pas d’unité spéciale montée pour faire face à ce type de situation. Elle est réputée pour être une des moins expérimentées du continent. Leurs hommes ne disposent pas du matériel adéquat. Caméras miniaturisées, caméras thermiques, équipement léger. Ils n’ont reçu aucune formation spécifique. Alors ils font comme ils peuvent, en ayant essuyé des pertes régulières.  Pourtant ils annoncent régulièrement une issue imminente. Ils disent avoir lancé plusieurs assauts. Je pense que c’est une posture. Il semble acquis maintenant que le commando qui compterait encore une dizaine d’hommes – mais qu’en sait-on vraiment? – est retranché dans un endroit localisé et circonscrit. Que les shebab sont tous ensemble mais avec un nombre inconnu d’otages. Qui ne peuvent être sauvés que s’il y a négociation« .

Négociations? 

On connait les Shebab. On sait le but de leur opération. Frapper fort. Ne rien lâcher jusqu’au bout. L’un de leurs chefs l’a déclaré en Somalie: Il n’y a rien à négocier. « Je ne sais pas trop quels conseils les hommes des équipes spécialisées israéliennes et américaines envoyées sur place peuvent donner face à cette impasse » ajoute l’ancien du GIGN. L’enjeu c’est les otages. Et la décision appartient aux shebabs qui ne se rendront pas et savent qu’ils ne s’en sortiront pas. Peut-être lorsqu’ils décideront qu’est venu le temps de l’affrontement final, ils laisseront les otages filer avant. Lors du détournement de l’Airbus Alger-Paris, en 94, un des hommes du commando placé à l’arrière de l’appareil nous avait vu, alors que nous avancions sur des passerelles roulantes vers les portes de l’avion. Il a traversé tout l’airbus en criant pour prévenir ses complices. Il aurait pu « rafaler » au passage. Il ne l’a pas fait. Le commando a oublié alors les otages, et même les membres de l’équipage dans le cockpit où ils se sont retranchés pour le Jihad final. Ils n’avaient plus qu’une idée en tête: Nous affronter. Pendant tout le temps qu’a duré  cette confrontation, aucun otage n’a été ciblé, où touché par le commando, encore moins par nous qui avons fait preuve d’une maitrise du feu qui était nécessaire pour sauver les passagers et l’équipage.  Dans quel état d’esprit sont les Shebab? Quels ordres ces moudjahidine ont recu?  Quelle est leur marge de manœuvre? Eux seuls le savent. Et les réponses à toutes ces questions, notamment celle essentielle quant sort des derniers otages, elles viendront seulement lorsque sonnera l’heure du « véritable assaut final« .

A suivre…

Frédéric Helbert


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À propos de l'auteur

Grand-reporter de guerre, (souvent), journaliste d'investigation, multi-médias, tous terrains, membre de l'association de la presse judiciaire, passionné par les phénomènes terroristes depuis le début de ma carrière à Europe11. Tropisme assumé pour le Moyen-Orient et la péninsule arabe-musulmane. Jamais rassasié d'infos,  accro à tous types d'enquêtes et reportages, j'aime explorer le dessous des cartes de dossiers sensibles. En toute liberté. Vos témoignages, vos infos, vos commentaires sont  bienvenus!

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