Frédéric HELBERT, journaliste d'investigation

Notre rôle n’est pas d’être pour ou contre, il est de porter la plume dans la plaie. (Albert Londres)


Affaire Merah. Les incroyables ratés que l’on ne s’explique toujours pas. (volet1)

Publié le 19/06/2012 à 17h44 | ,  | Écrire un commentaire

Premier volet: les lenteurs et oublis de l’enquête sur l’assassinat du soldat Imad Ibn Ziaten à Toulouse

Combien de temps faut-il pour obtenir une adresse IP (celle permettant de remonter jusqu’à un ordinateur, comme celui utilisé par Mohamed Merah pour contacter le premier militaire qu’il a assassiné?) J’ai posé la question à un magistrat anti-terroriste très expérimenté, et qui a par le passé à pusieurs reprises dans des affaires sensibles effectué ce genre de requête: La réponse a fusé naturellement: « EN CAS D’URGENCE, TROIS HEURES, PAS PLUS »

Trois heures pas plus…. Et pourtant, l’assassinat du Maréchal des logis chef Imad Ibn Ziaten,  est commis à Toulouse le 12 mars. ( Le militaire a passé un annonce sur le site  » leboncoin.fr  » pour vendre sa moto. il précise qu’elle est utilisée peu souvent parce qu’il est militaire. C’est comme cela que Mohammed Merah trouvera sa première cible ) . Officiellement, l’adresse IP qui conduira à l’ordinateur de la mère de Mohamed Merah (utilisée par son fils)  est donnée aux policiers, le jeudi 15 mars, en fin d’après midi, après la tuerie de Montauban, soit donc TROIS JOURS après le premier crime!

Trois heures en cas d’urgence, trois jours en l’éspèce, c’est dire si l’assassinat d’un soldat de l’armée française, ne semble pas avoir été classé dans le case: dossier urgent et prioritaire.

L’enquête est confiée au SRPJ de Toulouse. On ne fait pas grand cas de l’affaire dans les médias. Les pistes premières évoquées sont celles d’un rêglement de compte ou d’un trafic. Bref le militaire visé est même soupçonné…

Pourtant: Plusieurs témoins de la scène terrible ou le soldat est tué à bout portant d’un balle en plein front par le tueur à la moto témoigneront de ce court échange qui aura précédé l’acte criminel:

– T’es militaire? t’es militaire? demande le tueur bras tendu, un pistolet au poing.

– Oui répond le maréchal des logis-chef.

– Tu tues les miens, je te tue réplique Merah en pressant sur la détente.

Voila donc un militaire français, appartenant à un régiment engagé en Afghanistan, qui vendant sa moto, se fait attirer dans un piège mortel, ou lui est lancé cette invective claire  » tu tues les miens, je te tue », abattu de sang-froid par un tueur implacable, et l’affaire ne fait pas plus de bruit que cela. L’anti-terrorisme n’est pas sollicité. Les services spécialisés de police ou de renseignements non plus. Il faut dire qu’on est alors en campagne électorale. Y- a-t-il eu volonté dès le départ, « d’écraser » tant que faire se pouvait l’affaire? Personne ne s’exprime sur les étranges négligences ou orientations délibérées de l’enquête à ce stade.

Personne ne se pose la question: Et si l’affaire avait été estimée URGENTE, si l’adresse IP conduisant à l’ordinateur de la mère de Mohamed Merah avait été retrouvé en 3 heures plutôt qu’en trois jours, si les gros moyens avaient été mis instantanément sur l’enquête, Mohamed Merah n’aurait-il pu être mis hors d’état de nuire dans un délai record? et les tueries de Montauban et de l’école juive évitée?

A ceux qui disent, qu’il est toujours facile de refaire les enquêtes après, je réponds que ces questions taraudent nombre de policiers, magistrats, experts de terrain, hommes de l’anti-terrorisme, qui savaient de puis longtemps que le principal danger à craindre en France était celui d’une sorte de « loup solitaire » ayant fait « ses classes » en zone AFPAK. ou sur Internet, ou les deux.Elles poursuivent aussi les parents et amis des victimes.

Trois heures en cas d’urgence pour retrouver une adresse IP. qui aurait conduit directement à la mère du tueur et donc a son identification et sa localisation rapide. Puisque Merah était déjà « tamponné » un peu partout.

La mort du maréchal des logis chefs Imad ibn Ziaten, et le peu d’empressement mis à déclencher une grosse enquête, ont elles été la résultante d’un calcul politique? Un acte de terrorisme majeur visant la France et sa politique extérieure, devait-il être mis sous l’éteignoir, en période de campagne électorale et d’une campagne particulièrement virulente?

Ou bien, y ‘a t-il eu bévue policière, erreur d’appréciation, mauvaise évaluation?

Les questions restent ouvertes. Elles sont graves puisque ce sont 6 vies qui auraient pu être sauvées… si… Si tout simplement, l’on avait considéré que l’assassinat d’un soldat français représentait une urgence majeure, auquel cas, en saisissant les services de pointe, en mobilisant les forces vives de la police et de la Justice française, en exerçant les pressions qu’il fallait exercer, en trois heures, et non trois jours, l’on aurait  retrouvé la trace informatique permettant de remonter à Mohamed Merah. La face de l’affaire en aurait nécessairement été changée.

A suivre…

D’autres volets, les autres ratages toujours inexpliqués…


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À propos de l'auteur

Grand-reporter de guerre, (souvent), journaliste d'investigation, multi-médias, tous terrains, membre de l'association de la presse judiciaire, passionné par les phénomènes terroristes depuis le début de ma carrière à Europe11. Tropisme assumé pour le Moyen-Orient et la péninsule arabe-musulmane. Jamais rassasié d'infos,  accro à tous types d'enquêtes et reportages, j'aime explorer le dessous des cartes de dossiers sensibles. En toute liberté. Vos témoignages, vos infos, vos commentaires sont  bienvenus!

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