Frédéric HELBERT, journaliste d'investigation

Notre rôle n’est pas d’être pour ou contre, il est de porter la plume dans la plaie. (Albert Londres)


Mohammed Merah: La guerre des révélations-choc en cascade. Totale confusion. Ambiance!

Publié le 08/06/2012 à 17h06 | ,  | Écrire un commentaire

Au début, peu après la mort de Mohammed Merah, c’était « silence dans les rangs ». Et quiconque osait l’ouvrir, prenait une raclée. J’en sais quelque chose pour avoir essuyé le feu virulent, -c’est le « jeu »- de ceux n’admettant pas que je me permette de poser des questions sur les invraisemblables zones d’ombres, ou de révéler avec l’appui d’experts de terrain, les incohérences opérationnelles des actions du RAID, pour lequel j’ai déjà ici engagé deux phases de décryptage concernant le premier assaut de nuit, la phase de négociation… Me reste à « traiter » de la phase la plus critique et incompréhensible: Celle de l’assaut final.

Aujourd’hui, les temps ont changé. D’abord, une enquête a été ouverte et confiée à 4 juges d’instruction anti-terroristes, chargés de poursuivre l’enquête de Merah, ses éventuels complices, ses relations, son passé, ses voyages, enquête devant donc inévitablement aborder le sujet qui fâche: Merah a t-il été « recruté » à son retour du Pakistan comme indic par la DCRI. L’hypothèse est plausible, puisque lors de la phase de négociation, l’agent chargé qui avait convoqué à Toulouse Mohammed Mérah en 2011, a été appelé par le RAID, après l’échec du premier assaut de nuit pour tenter de convaincre le « tueur à la moto » de se rendre. Les témoins de cette scène se souviennent que les deux hommes se tutoyaient, et que Mohammed Merah a lâché cyniquement à son interlocuteur:  » Je devais t’appeler la semaine prochaine pour te dire que j’avais des choses pour toi, mais en fait je voulais te fumer « .  Difficile de faire plus clair, plus confondant, pourtant Bernard Squarcini, alors encore patron du contre-espionnage français, n’a cessé depuis d’affirmer que non, Mohammed Merah n’était pas un indic de la DCRI. Fermez le ban! Sauf que la question demeure, et que « le Squale » ne pourra s’en tirer par une pirouette,  puisque pour faire le clair, les juges anti-terroristes n’ont pas trouvé mieux que de confier leur commission rogatoire à…la DCRI. Voila donc le service avec lequel les magistrats travaillent régulièrement sur d’autres dossiers, juge et partie. Mieux encore, les juges ont confié, en recevant les familles des victimes de l’école juive « Ozar Atorah », vouloir aller au fond des choses, et avoir à ce titre demandé la levée du secret-défense sur les notes de renseignements concernant Merah, et le versement des échanges enregistrés par des hommes du SRPJ de Toulouse (que faisaient-ils là?) assistant aux négociations entre Merah et le RAID, et le fonctionnaire toulousain de la DCRI appelé au secours.

Voilà qui va mettre de l’ambiance dans une maison qui avait besoin d’une réorganisation dans le calme. Patrick Calvar, Flic de grande qualité, « pur produit » de l’ex DST, et connaissant parfaitement le arcanes des RG, accessoirement ancien chef du renseignement à la DGSE ou il était encore il y a 15 jours, nommé boss de ce « FBI à la française » voulu par Nicolas Sarkozy et son éminence grise Alain Bauer, va avoir du taff!!! D’autant que, en plus de l’enquête judiciaire, le nouveau Ministre de l’Intérieur a ordonné une enquête interne confiée à la DCPJ.  » Ca promet une belle ambiance entre « collègues » dans le couloirs. Attention aux lancers de couteaux dans le dos prévient un patron de service » avec flegme et ironie .

De la DGSE en termes de révélations dans l’affaire Merah, il a été question: Une vraie « manip » montée par le journal italien « Il Foglio », affirmant aussi invraisemblable soit-il, que le service avait permis à Mohammed Mérah de rentrer en Israël, en d’autres termes, qu’un petit caïd de banlieue, parti se former idéologiquement au Moyen-orient, avait été un agent « ouvert » des services spéciaux. Comme si la DGSE n’avait pas ses propres moyens, pour opérer dans la région… Avec du personnel fiable… Enquête faite, je me suis laissé dire que les relations entre la DGSE et L’AISE (ex SISMI, services italiens), étaient exécrables. Que l’Italie qui était le premier vendeur d’armes de la Libye, avait depuis la chute de Kadhafi une dent contre la France, et que le journaliste ayant véhiculé cette info bidon, n’avait jamais eu aucun contact avec qui que ce soit à la DGSE, et de plus était ancien membre d’un cabinet de Berlusconi….

De la DGSE, il fut encore question , il y a quelques jours, lorsque Jean-Marie Pontaut, et Eric Pelletier, ont commencé leur « teasing » sur leur ouvrage* à paraître vendredi prochain en lâchant de ci, de là, des révélations comme autant de bombes à retardement. Ainsi à en croire ces deux familiers de la maison Police, qui ont reçu si mes sources sont bonnes fin de non recevoir à la DGSE, service peu réputé pour aimer communiquer, premièrement, une information made in USA précisant que Mohammed Merah aurait été directement formé dans les zones pakistano-afghanes, ne serait parvenue aux services concernés que deux jours après la mort du tueur jihadiste « La belle affaire! dit un diplomate proche de la DGSE. Si les américains font de la « manip » et de la rétention d’infos, que dire? cela n’engage pas la responsabilité des services français. de toutes les façons, nous sommes rentrés dans une ère de « manips »  et de coups tordus à tout va « ...

Mais ce n’est pas tout. La vraie grenade dégoupillée, est le récit qui apparaît à peine vraisemblable fourni par Pontaut, et concernant la phase du premier assaut, ou l’on apprend que, accrochez vos ceintures, Mohamed Merah aurait, alors qu’il avait été « logé » par la police et le RAID ayant installé un dispositif serré à la nuit tombée autour de l’immeuble du tueur, réussi à sortir de chez lui et à gagner à des kilomètres de là, avant de revenir chez lui, la cabine téléphonique perdue dans un village, d’où il aurait appelé France 24 pour dire qu’il allait frapper encore. Manque de bol, la rédactrice ne chef de nuit qui a discuté une heure avec lui, ou l’un de ses complices, a, c’est moche, oublié d’enregistrer la conversation, ce qui aurait permis de savoir à qui on ‘avait affaire. Donc nous dit JMP dans son livre: I – Mérah sort de chez lui, apparemment sans que le RAID ne s’en aperçoive (ENORME) sinon l’on aurait logiquement pu s’attendre à une opération de « saute-dessus », sans risque de dommage collatéral. II – Apparemment Merah ne se rend pas compte qu’il a été identifié et logé, puisqu’il s’en va (cf livre JMP) clamer qu’il va frapper encore, et qu’après il rentre tranquillement chez lui! Et Donc se jette dans la gueule du loup, puisque le premier assaut sera donné vers 3h du matin. Insensé, absurde, inconcevable, mais venant d’un pro incontesté. Moi je n’y comprends plus rien. Où alors, il faut requalifier les hommes du RAID en gardiens de la paix au carrefour, et encore. Je chasse et vais chasser donc pour comprendre après avoir décrypté cet épisode qui s’il est avéré, va faire tremblement de terre dans la maison Police.

Pour ne pas être en reste, « le Point », rival de « l’Express » ( l’hebdo de Pontaut) révèle aujourd’hui encore une histoire à dormir debout: En 2007, Mohammed Merah aurait fait l’objet d’un banal contrôle routier. Passé au fichier des personnes recherchées écrivent ds journalistes confirmés, le nom de Merah serait sorti en gras, avec la mention « Ne pas attirer l’attention. Sureté de l’état ». Les policiers abasourdis contactent le service concerné: Les RG (Renseignements Généraux). On leur aurait confirmé que Mohammed Mérah pouvait repartir tranquille. Et voila donc le jeune Mérah tamponné non comme vilain garçon aux douteuses fréquentations mais comme indic des RG! Enorme de chez énorme. Je tombe de l’armoire, car bien que n’étant pas très fort en arithmétique, au moment ou ce serait passé cet épisode, Mohammed Merah devait être le plus jeune « indic » officiel des RG. Il n’avait que 17 ans!!! Il devait en savoir des choses… « Le point » affirme que les traces de cet épisode ont été versées au dossier.

Ce sera donc à la DCRI qui a hérité de la commission rogatoire délivrée par les juges, et qui a absorbé administrativement depuis les RG, de vérifier tout ce méli-mélo qui l’impliquerait elle même, quant à des manquements dans le suivi renseignement de Mohammed Merah….

Il y a des jours où cette enquête rend fou!

A suivre…

*JM. pontaut et Eric Pelletier « l’affaire Merah: l’enquête »


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À propos de l'auteur

Grand-reporter de guerre, (souvent), journaliste d'investigation, multi-médias, tous terrains, membre de l'association de la presse judiciaire, passionné par les phénomènes terroristes depuis le début de ma carrière à Europe11. Tropisme assumé pour le Moyen-Orient et la péninsule arabe-musulmane. Jamais rassasié d'infos,  accro à tous types d'enquêtes et reportages, j'aime explorer le dessous des cartes de dossiers sensibles. En toute liberté. Vos témoignages, vos infos, vos commentaires sont  bienvenus!

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