Frédéric HELBERT, journaliste d'investigation

Notre rôle n’est pas d’être pour ou contre, il est de porter la plume dans la plaie. (Albert Londres)


Affaire Merah: Ca part en vrille. Nouveau décryptage. Infos, analyses.

Publié le 09/07/2012 à 09h47 | ,  | 1 commentaire

Je pensais ne revenir aujourd’hui  que sur les suites du décryptage de l’étrange photo parue  dans un magazine ne rechignant pas à verser dans le trash, « Entrevue », qui a diffusé en exclusivité le cliché ci-dessous représentant Mohammed Merah Mort allongé sur le sol. Seulement voilà depuis, l’enquête, ses suites, ses conséquences et ses développements médiatiques surtout, (diffusion hier sur TF1 dans l’émission « 7 à 8 » d’extraits de l’enregistrement de la négociation entre le RAID, un homme de la DCRI et Merah dont on entendait pour la première fois la voix bouleverse la donne. Il n’est rien que les journalistes et ceux qui suivent l’affaire savaient déjà. Mais la force du son, associé à des photos et des images de synthèse, le ton décontracté, paisible de Mohammed Merah évoquant son engagement jihadique, ses crimes, ses projets, sa volonté finale de ne pas se rendre, ont déchainé les réactions. Celles des familles d’abord, doublement bouleversées, du fait de ne pas avoir été prévenu, et d’avoir dû découvrir à la télé, ce que leurs avocats avaient demandé en vain: la copie de ces enregistrements versés au dossier. Le Ministre de l’Intérieur Manuel Valls a déploré cette diffusion. Le Parquet de Paris a déclenché une enquête sur cette violation du secret de l’instruction. Et puis, tous ceux que cette affaire intéresse, passionne, pour de bonnes ou de mauvaises raisons, ceux qui croient savoir la vérité, les complotistes, les habitués du café du Commerce, bref, tout le monde s’en est emparé. Ce sera donc le deuxième volet de cette nouvelle tentative de décryptage, mais je ne peux ne pas revenir sur la photo d’Entrevue, qui a fait couler beaucoup d’encre, et déclenché son lot de réactions en tout genre.

Car cette photo, (ci-dessous), pose mille et une questions encore une fois sur le coeur de l’affaire. Les zones d’ombres entourant la « neutralisation » définitive du « tueur à la moto ».

PHOTO EXCLUSIVE ENTREVUE.

La photo, telle qu’elle est publiée vient, à contrario de la thèse (de la maîtrise du feu) que voulait défendre ceux qui l’ont publié, ceux qui l’ont pratiquement offerte, mettre encore plus à mal la version officielle. Ce qui est sur c’est qu’il s’agit bien de Merah, que la photo a été prise par un policier (IJ ou autre). Et qu’elle a été ensuite récupérée par le très sulfureux paparazzi  jean-Claude Elfassi, pour une bouchée de pain. (l’argent n’était pas le moteur des vendeurs) et proposé à plusieurs journaux sérieux, mais refusée, avant « d’échouer » à Entrevue, peu réputée pour sa compétence en matière d’enquête criminelle ou terroriste, mais dont le propos simpliste est de dire de but en blanc: Voila, le monstre a été tué, et le RAID a bien fait le Job. Fermez le ban. Sauf que ce cliché, tel qu’il est publié (retouché?) ne colle absolument pas, ni avec la version officielle, ni avec les hypothèses divergentes.

Premier point flagrant: Le corps de Mohammed Merah et ses vêtements ne portent pas les traces des 28 impacts de balles relevés au cours de l’autopsie, qui l’ont directement touché aux bras, aux jambes, à l’abdomen, dans le dos, au niveau du coup et de la cage thoracique, même si celle-ci était protégé par un gilet-pare balles. Or il s’agit de projectiles de calibre 5,65, tirés par les PM HK équipant les hommes du RAID (pas vraiment des armes non létales), qui ont transpercé de part en part Mohammed Méeah, même sans doute à hauteur du thorax, le gilet pare-balles l’équipant n’étant pas suffisamment « blindé », pour stopper net de tels projectiles. Hormis une tache de sang sur le bras droit, et quelques égratignures, le « carton » du RAID semble quasiment imperceptible en regardant au plus près la photo, ce qui semblerait indiquer qu’elle ait pu être retouchée avant diffusion. Elément crucial à l’appui de cette thèse: Le tireurs d’élite de la cellule « oméga » du RAID sont équipés de fusil à lunettes posés sur trépied, modèle Ultima Ratio, à visée optique, qui selon la version officielle ont tiré après la « chevauchée fantastique » de Merah, au milieu d’une mêlée d’hommes sur-armés et protégés, ont utilisé du calibre 7,65. Or signale un « usager » régulier de ce type d’armes et de calibre, le 7,65, a un impact de petit diamètre lorsqu’il pénètre le front coté gauche (donc non visible sur la photo), mais normalement, en sortie, lui ouvre littéralement le crâne et crée un orifice béant. Aucun singe de cela sur la photo, et surtout aucune trace de sang, alors que l’arrière du crane a du « exploser ». Le sang a t-il été enlevé en « nettoyant » la photo au montage, ou bien, le corps de Merah a t-il été déplacé et mis en scène? Car il apparait sur le bitume, et non sur la partie gazonnée bordant immédiatement son appartement en rez de chaussée.

L’absence d’impacts visibles, sur la photo, alors que près d’une trentaine de balles ont atteint tout le corps de Merah et qu’une tirée par un sniper a du faire des dégâts terribles au niveau de la partie arrière du visage, reste à ce jour inexpliquée. Et va à l’encontre du fait qu’aucun membre de sa famille, pas même sa mère, n’a pu voir le corps avant qu’il ne soit placé dans un cercueil plombé!

Interrogation aussi sur le fait que l’abus de grenades flash-bang par le RAID, ayant rendu sourd Mohammed Merah, (tympans percés diagnostiqués par les médecins légistes), on imagine mal le jeune terroriste après 32 heures de siège, dont une bonne partie passée figé dans la salle de bains, ait pu se ruer à l’assaut du RAID, avec une seule arme, un colt 45. tous les hommes du RAID, leur patron en tête on pourtant cru voir, ils l’ont dit dans une première version « super-terro » sortir deux armes à la main et tirant notamment en rafale avec son PM UZI. Sauf que ce dernier enrayé était hors d’usage. Les hommes du RAID ont-ils eu une hallucination? Non expliquent-ils dans un deuxième temps, mais dans la confusion (sic), Merah aurait été blessé à une main, celle tenant l’arme, t l’aurait passé dans l’autre, ce qui aurait trompé unanimement des as présumés de l’observation et du sang-froid. Pas d’image non plus qui puisse expliquer comment au milieu d’une mêlée flics d’élite, Merah aurait pu tirer 69 cartouches (contre 300!) et donc trouver le temps de faire des pauses pour recharger son arme!!!
Mystère également quand à la version fluctuante d’Amaury de Hautecloque sur le nombre d’armes que possédait exactement Merah, quand il a s’est soit disant rué à l’attaque du RAID. Il a d’abord été dit qu’il tirait en rafale avec son Uzi dans une main, et avec un colt 11,45 dnas l’autre… sauf que l’Uzi était enrayé. Donc, il a fallu trouver une deuxième version selon laquelle, blessé à la main tenant son arme, il aurait changé de main ce qui dans la confusion aurait induit en erreur toute l’équipe du RAID, laquelle équipe, munie de gilets-pare-balles, de boucliers blindés, de casques, et d’armes en tout genre, n’a pu stopper dans sa sortie un homme nécessairement fatigué, rendu SOURD par le jet continu de grenades flash bang pendant des heures (or un homme sourd, aux tympans percés, souffre de sérieux problèmes d’équilibre, et est passablement handicapé pour jouer les Rambos au milieu d’une meute de super-flics)… Autre interrogation légitime, comment daas cet espace confiné face à l’armada du RAID, avec un seul Colt 45, Merah a pu tirer 69 balles?  »

Dans la série « Rien n’allait plus », selon un témoignage obtenu à bonne source, les bergers-malinois, chiens d’attaque redoutables, qui vous mettent un agresseur par terre en une poignée de secondes, à coup de croc, n’auraient pas été utilisés, alors que la situation s’y prêtait.  » A peine quelques mètres à franchir  et c’était plié dit un expert du genre, mais la solution a été écartée parce que les maitres-chiens du RAID auraient refusé -sic- de mettre en danger la vie de leurs chiens.  » On est pas à 50 millions d’amis, lâche ironique et sévère l’expert. Si on met au point des brigades canines, c’est pour les utiliser au moment adéquat, ou alors vaut-il mieux mettre en péril la vie des hommes? «  .

D’autres images sont édifiantes. Celles de l’appartement transformé en champ de bataille. A en croire le patron du RAID, (alors que l’appartement n’était plus qu’un champ de ruines ouvert à tous vents), le RAID avait prévu de « faire un trou » dans la cloison séparant la pièce principale de la salle de bains, pour y injecter du gaz lacrymogène. Or les images sont implacables: Elles montrent que la cloison de la la salle de bains n’est plus qu’un vaste gruyère, percée de cratères de 30 à 40cm.

Cratère dans la cloison de la salle de bains!

La salle de bains ou Mohammed Mérah était réfugié!

Dans cet univers de chaos total, il y avait largement de quoi « balancer » autant de grenades lacrymos que voulues, même à distance avec un HK lance-grenades spécial.  » Même dans ce contexte « semi-ouvert », personne, pas même un homme du RAID ou du GIGN, des SWATT, du GSG9 allemand ne peuvent résister «  affirme un ancien officier d’unité d’élite. Pour avoir couvert, il y a quelques mois, des manifs opposant militants palestiniens aux forces israéliennes, en plein air, je peux dire que n’ayant alors pas de masque à gaz, au premier tir groupé, je me suis trouvé par terre, totalement « neutralisé.

C’est donc encore une fois, une vérité toujours fuyante, dans un univers de « manips », et de fuites téléguidées, que les familles des victimes, mais aussi tous ceux qui seront un jour ou l’autre amenés à faire face à ces forcenés qui affirment sans forfanterie ne pas avoir peur de la mort, et même l’aimer, que l’on continue à chercher, une vérité bien loin semble t-il d’une bancale version officielle, sans cesses contredite. Le chef d’une unité d’élite israélienne disait quelques jours après le dénouement fatal a Mohammed Merah et qui nourrit les thèses conspirationnistes abracadabrantesques, et est du pain béni pour les terroristes ennemis de la France que l’opération avait été un fiasco, mal préparée, et mal conduite.

Un ancien membre des forces spéciales françaises, ayant étudié de près les conditions dans lesquelles ont eu lieu les deux assauts, les photos, les vidéos, les témoignages, formule une hypothèse « explosive ». Au regard des dégâts faits à l’intérieur de l’appartement, des munitions employées, de la durée de la fusillade finale, et des blessures spécifiques des hommes du Raid, au pieds, jambes et aux épaules, (impliquant des positions de tir particulières ) , qu’après l’échec du premier assaut ou tout aurait dû être terminé en quelques instants, ils n’ont jamais réellement pénétré dans l’appartement, mais qu’ils ont à mon sens « traité » leur cible, en tirant uniquement à partir des embrasures de portes où de fenêtres, où à courte distance extérieure, en ne faisant aucune économie du feu, et en arrosant copieusement l’intérieur de l’appartement, jusqu’à la mort de Merah.  » Je sais dit-il que c’est une hypothèse grave, mais c’est la seule expliquant que l’appartement ait été transformé en champ de ruines, et que l’ultime fusillade faite de rafales soutenues et de jets de grenades, ait durée aussi longtemps. 6 à 7 minutes,  c’est interminable, et dans un espace aussi confiné, je ne vois que cette explication possible. Mais je ne sais pas, dit-il, si un jour, on saura vraiment la vérité « .

Frédéric Helbert


Recherche sur le blog

Entrez un terme à rechercher :

Suivre sur les réseaux

Suivre sur FaceBook
Suivre sur Twitter
Suivre par RSS

FHnewsTV

Voir l'article de cette vidéo »

À propos de l'auteur

Grand-reporter de guerre, (souvent), journaliste d'investigation, multi-médias, tous terrains, membre de l'association de la presse judiciaire, passionné par les phénomènes terroristes depuis le début de ma carrière à Europe11. Tropisme assumé pour le Moyen-Orient et la péninsule arabe-musulmane. Jamais rassasié d'infos,  accro à tous types d'enquêtes et reportages, j'aime explorer le dessous des cartes de dossiers sensibles. En toute liberté. Vos témoignages, vos infos, vos commentaires sont  bienvenus!

Rubriques

Tags

Archives


©2024 Fréderic HELBERT - Administré sous WordPress - Liberté Web - Mentions légales -  RSS - Haut de page