Frédéric HELBERT, journaliste d'investigation

Notre rôle n’est pas d’être pour ou contre, il est de porter la plume dans la plaie. (Albert Londres)


Journal du terrorisme. Enquêtes de Villejuif à Barcelone en passant par la Tour Eiffel!

Publié le 08/09/2017 à 02h33 | , , , , , , , , , , , , , , , ,  | Écrire un commentaire

Journal du terrorisme. Retour sur une semaine agitée.

Episode 1: Villejuif: Le bon tuyau du maçon

Voila encore une affaire qui ftait frémir, inquiétée, désoriente. déconcerte 3 terroristes où apprentis-terroirstes, sortis de nulle part, inconnus des services spécialisés, se sont fait prendre la main dans le sac de TATP.. Enfin presque, puisque cette enquête qui est loin d’être achevée a commencée par une découverte faite à leurs dépens, par un maçon entreprenant, vigilant, curieux et courageux. Hier donc l’artisan consciencieux intervient dans un appartement d’une cité de Villejuif, aux portes de Paris. Et s’il intervient ce n’est pas à la demande du locataire lequel un homme de nationalité française,  discret, sans coteau entre les dents, sans passé judiciaire d’aucune sorte, petit commerçant vendant produits de toilette et cosmétiques sur les marchés… Cà c’est pour la façade officielle connue jusqu’à hier, et l’intervention du plombier donc, qui agit à la demande de la copropriété de l’immeuble. Parce que Mohamed R. a négligé  une banale fuite d’eau venant de chez lui, enfin de sa terrasse, ce qui évidement gênait tout les autres habitants de l’immeuble. A la fin, la dite copropriété emploie les « grands moyens » et commet d’office un plombier chez le gêneur. Lequel n’est pas là quand l’artisan se présente devant une porte fermée à double tour. Alors, tenace et rigoureux, le plombier prend tous les risques et enjambe la terrasse du voisin pour intervenir. Et c’est là qu’il est intrigué par une bâche qui cache toutes sortes de produits. Il regarde, trouve çà suspect, d’autant que désormais tout le monde ou presque sait qu’il faut que l’acétone (y’en a) est le composant essentiel utilisé pour la fabrication artisanale du TATP. (y’en a un peu aussi). Le sang du plombier ne fait qu’un tour et il prévient la police. Branle-bas de combat immédiat. Déclenchement de la traditionnelle « opération anti-teroriste ». Arrivée en trombe des « ninjas » de la BRI, des hommes de la BAC, des experts de police scientifique, et tutti quanti. Enorme périmètre de sécurité « as usual » avec des homes sur-armés et à cran, doublement à cran, parce que la cité n’est pas réputée pour déborder d’amour pour la police et vice-versa.

La BRI barre tout...

La BRI barre tout…

La piste d’un réseau. En contact avec la filière irako-syrienne. Et avec l’Espagne?

Le propriétaire de l’appart est « tracé » en deux temps trois mouvements et interpellé sans coup férir, peu après non loin de là, dans sa voiture avec un de ses complices. Cap sur garde à vue immédiate. pendant ce temps les experts confirment que c’est un vrai petit labo de fabrication d’explosifs, (avec tous les kits complets) qui était installé dans l’appartement. Une centaine de grammes de TATP était (presque) prêt à l’emploi. Mais il semble que les apprentis-jihadistes n’en étaient qu’à leurs débuts, et leurs expériences de chimistes amateurs au degré embryonnaire. Reste que la DGSI et la SDAT, mettent le turbo, notamment sur la téléphonie, et tirent la bobine. Pour tomber sur une autre cache, dans un entrepôt de box pour meubles,  à Thiais, un box aussi remplie de produits destinés à fabriquer des explosifs, et un 3ème homme, complice de la bande. La téléphonie révèle par ailleurs des contacts réguliers avec des hommes de la zone irako-syrienne. Les investigations se poursuivent et d’autres surprises pourraient survenir… Hier l’enquête a permis de mettre la main sur un 3ème complice. Et encore un local décidé à la fabrication d’explosifs!. « On est sur la piste d’une cellule complète » dit un expert. Une cellule en contact réguliers avec la zone irak-syrienne, et des mentors de Daesh… Bref, du sérieux!

Les énigmes de l’enquête

Mais pour l’instant les enquêteurs n’ont retrouvé aucun plan d’action ni listes de cibles éventuelles. Quand aux suspects, en garde à vue, ils affirment -sic- que  les explosifs devaient servir à commettre des braquages! « Explication qui ne tient pas une seconde, au regard des contacts qu’ils avaient et de la « littérature » religieuse en arabe retrouvée dans « l’appartement conspiratif » dirait le Procureur Molins. Mais si le danger est écarté, si la menace de cette cellule, dont le noyau dur a été démantelé, s’éloigne, restent les éternels mystères du genre à éclaircir: « Comment ces hommes, notamment le propriétaire de l’appart, en sont arrivés là? par quel biais? Qu’est ce qui les a fait basculer? Bref la sempiternelle équation à laquelle on se heurte si souvent dit un enquêteur, une équation qui reste irrésolue dans la majorité des cas. Autre aspect qui interroge, est celui de la fuite d’eau! Quand on monte une cellule clandestine jihadiste, on ne fend pas la cuirasse laissant trainer un élément aussi banal, qui s’est révélé décisif. Il y a là encore la marque d’un certain amateurisme qui laisse dubitatif, mais là encore, ce n’est pas la première fois ».

Dernier point qui turlupine pour le moins les hommes de la DGSI et de la SDAT, la présence parmi les éléments saisis dans le cadre de l’enquête, une  boites d’allumettes au look « vintage »étiquetée en espagnol!

allumettes

 

Hasard, ou lien possible avec l’affaire de la cellule qui a a tué sur la Rambla de Barcelone et à Calmils? Question ouverte. « On ne ‘est plus à une bizarrerie  prêt » pense un un policier, d’autant que l’on savait que juste avant de passer à l’action avec des véhicules-béliers, dans la précipitation, après que leur giga-labo ait explosé accidentellement à Alcanar, le tueur de la rambla, Younès Abouyaacoub, (abattu dans sa cavale) et un où deux de ses complices  sont venus à Paris 2 jours les 11 et 1é aout.  Une étrange virée « terroristo-touristique ». Les policiers français savent aussi qu’ils ont passé une nuit dans un hôtel de Malakoff, qu’ils sont passés acheter un appareil photo à la FNAC Saint-Lazare, mais pas que…

Episode 2 -Révélation: les Jihadistes de Ripoll ont « rodé » par deux fois longuement devant la Tour Eiffel!

C’est la dernière révélation en date d’un ministre de l’Intérieur  qui avait affirmé un peu vite en première instance, après les attaques en Espagne, qu’il n’y avait pas de « ramifications  avec la France ». Sur BFM, Gérard Collomb a révélé que le bornage téléphonique avait permis de situer les jihadistes du coté de la tour Eiffel… Ils y sont venus une fois, ont tourné longuement, et puis une seconde fois! ! Pour y faire des repérages? Avaient-ils l’intention de frapper cette cible emblématique rêvée pour les terroristes islamistes de toutes obédience depuis des dizaines d’années (Hezbollah,? GIA, Al Qaida, jusqu’à l’Etat Islamique)…

tour effeil

L’hypothèse est forcément envisagée, mais le mystère reste entier pour l’heure. Un policier lâche du bout des lèvres qu’ils ont aussi eu d’autres « contacts », fréquenté d’autres lieux, ainsi que le travail effectué sur la téléphonie en atteste. Y-a-t-ileu contact avec la cellule de Villejuif? Affaire à suivre…

Nouvelle cellule basée entre le Maroc et l’Espagne  » démantelé. Le chef était éducateur dans un centre pour jeunes en difficulté à Melila! Les jihadistes simulaient des décapitations lors de séances « d’entraînement physique »…

Les enquêtes se poursuivent sans répit pour avancer sur tous les « fronts », et ce alors que services marocains (DST) et espagnols ont, travaillant en étroite collaboration,  démantelé , avant-hier  (6 septembre), une cellule jihadiste apparemment des plus dangereuses. 

 5 marocains au Maroc.  Un sixième ayant la double nationalité arrêtée dans l’enclave de Mellila ou il vivait. Double nationalité et double visage.

Le double visage de Mohamed Hafid, chef de la cellule jiadsite

Le double visage de Mohamed Hafid, chef de la cellule jiadsite

Mohamed Hafid était le chef de la cellule, parfaitement intégré, membre du Pari Populaire espagnol. L’homme profitait de son emploi d’auxiliaire de rééducation  dans un centre de rééducation de mineurs en état de vulnérabilité,  pour faire du prosélytisme, de l’embrigadement, « au bénéfice » de l’état islamique. ‘Bref le ver était magnifiquement installé dans le fuit’ dit un homme du contre-terrorisme espagnol... La » troupe » inféodée à Daech,  et nourrissait pour desseins de mener une campagne d’attentats d’envergure, comme le réseau de Barcelone/Ripoll/Alcanar. Selon le ministre de l’intérieur espagnol les hommes s’e préparaient au pire:, en simulant des assassinats par décapitation… Leur passe temps favori à l’entrainement…

L’Espagne est donc toujours sur le qui-vive. Comme la France…. Comme tous les pays où l’idéologie de Daech continue à se propager, et à « inspirer » celles où ceux qui rêvent mettre à bas l’Occident.  « Le feuilleton est loin d’être terminé »  soupire un as du contre-terrorisme. Epuisé mais toujours à bloc.

Suite(s) aux prochain(s) épisode(s).

Frédéric Helbert


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À propos de l'auteur

Grand-reporter de guerre, (souvent), journaliste d'investigation, multi-médias, tous terrains, membre de l'association de la presse judiciaire, passionné par les phénomènes terroristes depuis le début de ma carrière à Europe11. Tropisme assumé pour le Moyen-Orient et la péninsule arabe-musulmane. Jamais rassasié d'infos,  accro à tous types d'enquêtes et reportages, j'aime explorer le dessous des cartes de dossiers sensibles. En toute liberté. Vos témoignages, vos infos, vos commentaires sont  bienvenus!

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