Frédéric HELBERT, journaliste d'investigation

Notre rôle n’est pas d’être pour ou contre, il est de porter la plume dans la plaie. (Albert Londres)


Nice : récit de Sandra Bertin conforté par témoins. Un rapport IGPN qui colle pas!

Publié le 28/07/2016 à 23h30 | , , , , , , , , , ,  | 1 commentaire

bertin cazeneuve

Et voila l’enquête dans l’enquête qui rebondit à Nice, après la violente polémique autour du récit de Sandra Bertin, chef du Service de surveillance vidéo du centre opérationnel de commandement (COC)  de Nice, en poste le soir du terrible attentat. Un rebondissement dont le gouvernement se serait sans aucun doute volontiers passé.

L’enjeu est de taille.  Puisque le Ministère de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve en tête, avait réagi avec vigueur, lorsque la policière municipale avait affirmé (en première exclusivité au « Journal du Dimanche ») qu’elle avait subies « des pressions directes » venues de représentants du Ministère pour que son rapport atteste bien de la présence de Policiers Nationaux , en des points de contrôles précis gérés par les fonctionnaires de l’Etat. Ce à quoi Sandra Bertin avait répondu n’avoir été en mesure de visualiser sur les vidéos surveillances ces effectifs en question. De fait, il apparait que les images des caméras, dès lors que l’arrivée du camion tueur est remarquée, ne se concentrent que sur le véhicule, lequel emprunte le trottoir pour contourner le dispositif policier. Impossible dans ces conditions de voir les équipages de la Police… lesquels sont positionnés en plein milieu de la route, et donc n’apparaissent pas dans le champ des caméras. Le rapport final de Sandra Bertin ne mentionnera donc pas ce qu’elle n’a pas vu… Et ce malgré les insistantes pressions qui semblent bien avoir été exercées par les interlocuteurs de la policière municipale. un commissaire de la la direction départementale de la Sécurité Publique des Alpes-maritimes, puis un commissaire de l’état-major de la direction centrale de la Sécurité Publique, (direction dépendant de la celle de la Police Nationale, laquelle dépend bien évidement du… Ministère de l’Intérieur. Il n’est rien d’anormal à ce que tel rapport remonte dans les meilleurs délais vers les plus hautes instances, mais c’est ce qui a été demandé précisément à Sandra Bertin qui pose un sérieux problème. Car il semble bien ressortir aujourd’hui de l’enquête que la jeune femme ait été lourdement incitée à faire état d’une vision des choses qui n’était pas la sienne. Plusieurs membres du centre opérationnel en ont attesté. L’un d’eux a entendu Sandra Bertin dire:  » Je ne mettrai rien d’autre que ce que j’ai vu sur les écrans ». Un autre affirme je me trouvais là lorsque l’adjoint de Sandra Bertin est venue la trouver le 15 juillet lui disant qu’un commissaire de police, envoyé par le Ministère de l’Intérieur souhaitait la voir… Un autre dit avoir compris qu’il y avait divergence sur la manière de rédiger le rapport…

Autant d’accusations qui ont été pourtant vigoureusement démenties dans un premier temps par le Ministère de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve allant jusqu’à porter plainte… La policière municipale a répliqué en allant livrer son récit, produire les attestations des témoins, devant la Justice, et le Parquet de Nice – au vu des éléments – a estimé bon devoir ouvrir une enquête préliminaire pour « Abus d’autorité » 

LA NOTE DE L’ IGPN CONTREDITE PAR LES FAITS

document "Libération" sur le barrage de la polémique

document « Libération » sur le barrage de la polémique

Mais voila que par delà les déclarations divergentes, deux rapports écrits s’opposent.. Car Sandra Bertin, fidèle à sa logique  aucunement mentionné dans le sien une présence de policiers  nationaux qu’elle dit ne pas avoir vu.  Malgré cela, la note du 15 juillet de la Direction Générale de la Police Nationale (DGPN)  fait bien état d’un « équipage » présent, dont on n’aurait  pu distinguer  la réaction, en raison de l’angle de la caméra. Une caméra dont les images vidéos dit la note, ne montre que le camion « dont le chauffeur est contraint de se déporter sur le trottoir pour contourner les barrières bloquant la voie.  Là est le »hic » qui contredit formellement le contenu de cette note:, puisque l’on sait avec certitude qu’à l’heure où Mohamed L. Bouhel arrive à hauteur de ce barrage – faisant de la promenade des Anglais une zone piétonnière – que ce sont des policiers municipaux qui sont positionnés! Ils ont relevé  les fonctionnaires de la Police Nationale après 20h30. (Si des policiers nationaux sont là,  c’est bien plus loin, à l’entrées de la zone dite « événementielle »).

 Il y a donc un écrit officiel, qui a servi de base de communication aux représentants de la République, où de fait un point essentiel est formellement contredit par une réalité indéniable. La polémique n’est pas prêt de s’éteindre.

Frédéric Helbert

 

 

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  1. jean luc m dit :

    En fait il n’y a pas de discussions et le rapport de l’IGPN l’explique bien.
    Les forces de police nationale prévues dans les réunions préparatoires pour organiser le feu d’artifice étaient bien là et à peu près à l’heure prévue avec une relève police nationale police municipale telles que prévue au cours de ces réunions…
    Le gros problème est qu’il y avait un problème de sous effectifs de forces de sécurités par rapport aux années précédentes.
    Il y avait des éléments de police nationale mais renforcée par une compagnie de CRS (disposant elle d’armes lourdes)et la police municipale…
    Cette année entre l’état d’urgence les manifestations la coupe d’Europe et le Tour de France il n’y avait pas d’effectifs disponibles.
    Les chiffres sont donnés dans le rapport de l’IGPN.
    En 2016 il y avait 60 policiers dont des élèves de l’école de police et leurs moniteurs et 40 policiers municipaux (dont une partie en civil mêlée à la foule).
    En 2015 104 policiers DONT 60 gardes mobiles
    En 2014 89 policiers dont 37 CRS
    Ces effectifs prévus étaient connus, la Mairie de Nice organisatrice pouvait si elle jugeait la sécurité insuffisante annuler ou sinon compléter les effectifs de la police par une mobilisation exceptionnelle de la police municipale…
    Seuls 40 policiers municipaux étaient présents sur un effectif global de près de 400. Le responsable de la sécurité le 1er adjoint Estrosi avait séché toutes les réunions préparatoires (problème direct du cumul des mandats et des fonctions) et se trouvait semble t il au restaurant le 14 au soir. Le chef de la police municipale et son adjoint étaient absents.
    La police municipale ne disposait pas de commandement opérationnel ce soir là…
    Le système de caméras s’est trouvé incapable de repérer un camion faisant des allers et retours pendant 3 jours alors que ce type de véhicule est interdit de circulation dans la zone. Le 14 au soir c’est son absence de communication opérationnelle avec la police municipale et la police nationale qui a été démontrée…
    La mairie, la police municipale avait été informée de la faiblesse des effectifs de la police nationale, il lui était possible si elle voulait maintenir le feu d’artifice de compléter les effectifs en mobilisant cent ou cent cinquante policiers municipaux supplémentaires (sur 400) voir de compléter par des agents municipaux…
    Donc insuffisance des effectifs mobilisés de la police nationale mais également insuffisance de la préparation par la Mairie de Nice, absence du commandement de la police municipale, faiblesse de sa mobilisation et inefficacité démontrée de son PC caméra…
    Était ce le rôle du Préfet d’interdire la manifestation devant l’insuffisance des mesures de sécurité mais délicat pour lui puisqu’une des causes étant la faiblesse de la mobilisation de l’État…


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À propos de l'auteur

Grand-reporter de guerre, (souvent), journaliste d'investigation, multi-médias, tous terrains, membre de l'association de la presse judiciaire, passionné par les phénomènes terroristes depuis le début de ma carrière à Europe11. Tropisme assumé pour le Moyen-Orient et la péninsule arabe-musulmane. Jamais rassasié d'infos,  accro à tous types d'enquêtes et reportages, j'aime explorer le dessous des cartes de dossiers sensibles. En toute liberté. Vos témoignages, vos infos, vos commentaires sont  bienvenus!

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