Frédéric HELBERT, journaliste d'investigation

Notre rôle n’est pas d’être pour ou contre, il est de porter la plume dans la plaie. (Albert Londres)


Crash AirbusA321: L’ATTENTAT. Les preuves. Confirmation Poutine. Enquête. (MAJ)

Publié le 06/11/2015 à 23h31 | , , , , , , , , , , , , , , , ,  | 1 commentaire

Revendication vidéo de l'état islamique

Revendication vidéo de l’état islamique

 

L’implacable verdict des boites noires

Les autorités invitaient à la prudence. Et  la mainmise des égyptiens sur l’enquête, leur contrôle de la zone du crash,  les premières déclarations de Vladimir Poutine n’inclinaient guère à l’optimisme quand à l’avancée de l’enquête. Hier soir le président Russe a confirmé officiellement qu’il n’y avait plus aucun doute..

Dès le début de l’enquête,  les investigations ont connu un premiere avancée spectaculaire, car, avec l’aide d’une équipe du BEA, les boites noires ont vite livré leurs premiers résultats, sans équivoque et ne laissent guère de place au doute.

De fait, un fichier-son du CVR, (Cockpit Voice Recorder) qui enregistre toutes les données sonores à l’intérieur du cockpit, et notamment les conversations des pilotes, a pu être difficilement décrypté. Verdict: Avant la destruction de l’appareil en plein vol, rien a signaler, et soudain, après 24 minutes de vol, le bruit d’une énorme déflagration. Une explosion à l’intérieur de l’appareil, qui va le pulvériser en plein vol et provoquer sa perte. Voila donc une première confirmation technique et indéniable que l’avion s’est désintégré brutalement alors qu’il volait à 10 000 mètres d’altitude. (30 000 feet)

Après?

Après, plus rien. Plus rien qui ne marche, et la chute vertigineuse. L’autre boite noire, le FDR, Flight Data Recorder, cesse instantanément de fonctionner, au moment de l’explosion, comme le CVR. L’explosion de fait provoqué l’arrêt simultané des deux boites noires, qui n’enregistrent plus rien. En un instant tout a basculé. Plus de circuits électriques, plus de moteurs, destruction totale, de tous les équipements matériels détruits d’un coup, d’un seul par l’explosion. 

Donc une explosion majeure, (le dernier son enregistré par le CVR),  qui n’a laissé aucune chance à l’avion et ses occupants.

C’est la confirmation des hypothèses soutenues très tôt Barack Obama, David Cameron les services américains et britanniques qui, avec quelques précautions de langage, pointaient la thèse d’un attentat dès hier. parce qu’ils disposaient d’informations spécifiques. Vladimir Poutine, qui fut l’un des premiers à contester cette thèse a du se rendre à l’évidence. Ordonnant dans la foulée de bon nombres de pays, l’arrêt des vols en partance de Russie et à destination de l’Egypte…

Dès lors que l’on considère la thèse de l’attentat comme « validée » reste à déterminer le mode opératoire, L’état islamique, ayant revendiqué, mais s’étant volontairement gardé de  livrer un détail quelconque sur le modus operandi. Contrairement à ses habitudes. Laissant les pays impliqués s’affronter pendant deux jours avec des versions contradictoires… Une véritable stratégie gageante puisqu’elle laisse place à toutes les rumeurs, et souffle sur les braises d’un vent de panique mondial.

L’hypothèse N°1: L’aéroport de Sharm el Scheick infiltré par des membres de l’EI qui auraient introduit la bombe dans l’avion… 1 kilo de TNT.

Les résultats des investigations ont fini par prouver que de nombreuses traces d’explosif avaient été retrouvées sur des moraux de fuselage ou débris de l’appareil, Les experts ont déterminé la nature de l’explosif utilisé, du TNT et estiment qu’un engin comportant près d’un kilo de TNT a été introduit clandestinement dans l’appareil. 

Par quels moyens?

La conviction des enquêteurs est que les hommes de l’état islamique aient réussi à  infiltrer les structures de sécurité, où aient trouvé au sein de l’aéroport de Sharm el Sheichk des complicités actives. Cela expliquerait pour partie le silence de l’EI sur le mode opératoire. Cette thèse semble validée par une information dont il a été question ici dès hier. L’interception téléphonique par les SR anglais de conversations téléphoniques entre des leaders de l’EI et celui ou ceux qui auraient été les « opérationnels », à tout le moins, une cellule jihadiste de l’EI opérant dans le Sinaï .

Un autre élément troublant accrédite la thèse:

Pendant une heure, l’avion est resté immobilisé sur le tarmac, et accessible sans contrôle de sécurité, aux personnels de maintenance, de nettoyage, à ceux chargés de fournir les repas tout prêts, à ceux chargés de mettre les bagages en soute, aux effectifs de sécurité de l’aéroport, ainsi  évidement qu’à tous les membres de l’équipage.  Et ce alors que la nuit régnait encore. C’est à partir de là que les enquêteurs sont bien obligés de considérer une hypothèse-cauchemar. Celle d’une ou de plusieurs complicités, de personnels dûment badgés, et libres de leurs mouvements sur l’aéroport, et qui auraient pu être « recrutés », embrigadés d’une manière où d’une autre par le passé,  et aider à cacher la bombe, par exemple dans une des soutes aux bagages de l’Airbus. 

Quand à l’Egypte, l’Egypte officielle, elle est longtemps restée silencieuse, dans le vague, ou le déni. Car de fait, il s’agit là d’ une victoire totale et implacable pour l’état islamique et ses affidés, et plus qu’un coup dur, c’est une catastrophe pour un pays tout entier, si dépendant du tourisme, et son régime, mis à terre sur le coup par les islamistes, qui ont fait « coup double » puisque les russes comme les égyptiens, ennemis jurés de Daech ont été frappés de plein fouet.

Dans une interview accordée à Paris-match le mois dernier, le juge Trévidic qui a longtemps été en première ligne dans le combat contre Daech me disait que l’état islamique rêvait de son « 11 septembre », se préparait à frapper durement. En Europe, en France, un ennemi de premier rang, (dont il est essentiellement question dans l’interview), mais évidement aussi dans les zones où l’organisation disposait déjà de forces et d’appuis solides. Et qu’il fallait s’attendre à des attentats de grande envergure, qui allaient immanquablement survenir. La prophétie de l’expert de terrain qui ne cachait pas son inquiétude depuis plusieurs mois, lorsque nous évoquions la situation s’est réalisée. En frappant en si peu de temps, l’Egypte, la Russie, puis le Hezbollah en son fief, à Beyrouth avec 2 kamikazes équipés de ceintures piégés et enfin la France avec un massacre d’une ampleur inégalée, L’état islamique a démontré qu’il était capable de tenir ses sanglantes promesses.

Une étape majeure a été franchie. Une étape dont l’onde de choc n’a pas fini de se mesurer à ‘échelle mondiale.

Frédéric Helbert


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À propos de l'auteur

Grand-reporter de guerre, (souvent), journaliste d'investigation, multi-médias, tous terrains, membre de l'association de la presse judiciaire, passionné par les phénomènes terroristes depuis le début de ma carrière à Europe11. Tropisme assumé pour le Moyen-Orient et la péninsule arabe-musulmane. Jamais rassasié d'infos,  accro à tous types d'enquêtes et reportages, j'aime explorer le dessous des cartes de dossiers sensibles. En toute liberté. Vos témoignages, vos infos, vos commentaires sont  bienvenus!

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