Frédéric HELBERT, journaliste d'investigation

Notre rôle n’est pas d’être pour ou contre, il est de porter la plume dans la plaie. (Albert Londres)


Kadhafi Sarkozy, Gueant, Takieddine andco : Enquête sur la « belle époque » du big business franco-lybien…

Publié le 02/01/2013 à 23h28 | , , , , , ,  | Écrire un commentaire

Avant les affaires judiciaires, la fabuleuse ère des gros contrats franco-lybiens.

Retour sur une période dorée ou ne souciait pas de savoir ce que l’on vendait en Libye et à qui. L’époque ou Ziad Takieddine était  le »Roi du Pétrole ». Et l’intermédiaire obligé entre la Libye d’un Kadhafi surpuissant et la France de Sarkozy.

Première publication: 2013. mise à jour, après la mise en examen de l’ex-président français. Une enquête de back-ground sur l’époque ou tous ceux qui se déchirent aujourd’hui, (quand ils ne sont pas morts), se sont longtemps entendus comme « larrons en foire ».

2013

Ziad Takiedine, tel un diable resort de sa boite. Et  joue à la relance. La cible première aujourd’hui de celui qui fut l’ami de tous à l’heure des contrats juteux: Claude Guèant, ex-secrétaire général de l’Elysée puïs ministre de l’Intérieur. Et ce, avant avoir d’été le directeur personnel de la campagne de Nicolas Sarkozy. (la vraie cible du revanchard estimant avoir de bonnes raisons de l’être…). C’est  là ou cela coince puisque Takkiedine accuse: Kadhafi a financé à hauteur de 50 millions d’euros la campagne présidentielle du boss de l’UMP. (info fracassante sortie dans Mediapart en avril 2012). L’idée de cette « généreuse donation » serait née, selon ZD à Tripoli en juin 2006, lors d’une réunion ou ne se seraient trouvés que des amis: Moussa Koussa,n°2 du régime, Abdallah Senoussi patron des services de renseignements libyens, Bachir Saleh (président d’un fond d’investissement libyen mais surtout chef de cabinet, secrétaire particulier et détenteur des clés du coffre du « Guide »… et coté français Ziad Takieddine, et l’un de ses grands camarades de l’époque, très proche de Nicolas Sarkozy: Brice Hortefeux.  Cette réunion ayant abouti à la rédaction d’une note d’intention, le fameux document publié par « Médiapart » en  2012 qui avait alors fait l’objet immédiatement d’une vive controverse. Tous les participants supposés à la réunion (coté français)  ayant alors affirmé, juré, tous en coeur que la note d’intentions était un faux.  Mais alors que l’affaire revient sur le devant de la scène, un an plus tard, il apparait dans un PV d’audition (consulté) que Ziad Takieddine, a fait volte-face, assurant au Juge Van Ruymbecke, pouvoir lui apporter toutes les éléments attestant de la validité de la note, et de la réalité de la donation.

C’est à ce point de l’histoire qu’il faut expliquer ou rappeler au lecteur que Ziad Takieddine, intermédiaire professionnel de haut-vol, a été impliqué auparavant dans des contrats pharaoniques comme… SAWARI2 (vente de frégates à l’Arabie Séoudite), AGOSTA (vente de sous-marins nucléaires au Pakistan qui a ouvert la piste financière de l’attentat de Karachi et valu plusieurs mises en examens à Ziad Takieddine, imposé à la dernière minute dans ce contrat par ses « amis », notamment Nicolas Sarkozy et claude Guéant, contrat ou il apparait clairement désormais que des commissions et des rétro-commissions ont transité par le biais de circuits occultes).  Ou encore le contrat MIKSA (sécurisation des frontières de l’Arabie saoudite).

Evidemment Claude Guéant (alors reconverti -un classique en politique- en avocat ) fait le tour des plateaux de TV.  Un bon tour de chauffe en se défendant lui-même quant aux accusations lancées par son nouvel ennemi intime, Takieddine, qui fut l’ex-ami de tout le monde, et un négociateur souvent incontournable dans les ventes d’armes françaises, même imposé parfois à la dernière minute,  comme dans un contrat déjà ficelé par ses amis de la galaxie UMP,(le contrat AGOSTA pour les sous marins du Pakistan, ce qui lui vaut aujourd’hui tout l’intérêt du Juge RVB dans le volet financier de l’attentat de Karachi). C’était le temps des heureuses vacances du couple Coppé/Hortefeux/Takieddine …. dont les photos ont été aimablement distillées dans la Presse par l’un des membres de l’ex-couple Takieddine. L’intermédiaire milliardaire a divorcé d’une belle anglaise qui ne s’est pas fait prier deux fois lorsqu’elle a été convoquée par la Justice pour dire tout ce qu’elle savait, et fournir quelques photos de l’album de « famille »+

Avant les fâcheries, le temps du méga-business avec la Libye

Reste, reste, qu’avant que le temps ne se gâte, à la fin du mandat Chirac, mais surtout sous le quinquennat de Nicolas Sarkosy, rarement les relations d’affaires entre la France et la Libye n’ont été aussi fructueuses. « On s’émouvra et l’on aura raison de le faire quant à l’idée qu’un Kadhafi alors splendide et triomphant, ait pu éventuellement financer à hauteur de 50 millions d’euros, la campagne de Sarko pour la présidentielle de 2007 dit une source bien informée, mais quitte à choquer les gens, je dois le dire, que 50 millions, cela n’était rien pour Kadhafi. l’équivalent d’un hors d’oeuvre, au regard des fabuleux contrats qui furent signés par la suite où l’on parlait en la en centaines de millions, en  milliards d’euros ».

Kadhafigate: Enquête sur le Juteux business franc-libyen. (2005/2012)

2005

En 2005, les « problèmes judiciaires » de Kadafhi, « période terroriste, ont été réglés… A grand coup d’indemnisations notamment pour l’affaire de l’attentat en plein vol contre le Boeing de Lockerbie. L’imprévisible colonel qui semble s’être assagi a échappé aux foudres de l’administration US. Certes, il continue à réprimer avec une férocité terrible ses opposants, notamment les islamistes, mais comme il est expert en la matière, l’Amérique de Georges Bush, sous-traitera discrètement  en Libye, ou l’on torture gaiement sans risquer quoique ce soit, quelques cas de « terroristes internationaux » capturés après les attentats du 9/11, pour leur faire avouer tout et n’importe quoi. Du coup, l’embargo sur les ventes d’armes au richissime clan du guide est levé.

Le dictateur est devenu donc de nouveau « fréquentable » et la France va non seulement s’engouffrer dans la brèche, servir de missi-domici, mais aussi planter les banderilles d’une nouvelle ère de collaboration, contre espèces sonnantes et trébuchantes, notamment dans le domaine d’équipements militaires de toutes sortes…

Ziad Takieddine devient alors l’intermédiaire incontournable et n°1 des relations franco-libyennes, notamment dans le domaine des ventes d’armes. Comme en atteste la chronologie suivante:

Février 2005: (sous présidence Chirac). Visite à Tripoli de Michelle Alliot-Marie, alors ministre de la défense. Signature d’un accord-cadre militaire à Tripoli.

mai: 2005: annonce d’un accord sur le développent du Nucléaire Civil.

2006

Novembre: Nicolas Sarkozy est alors Ministre de l’Intérieur. Signature d’ un accord-carde sur la lutte contre l’immigration clandestine. Le début d’une prospère et juteuse coopération. Nicolas Sarkozy qui songe déjà à la présidentielle, et dont Claude Guéant est le directeur général de la Police Nationale, comprend tout l’intérêt à retirer de cette coopération avec la Libye.

Takieddine est alors sacré intermédiaires roi pour le Business avec le régime libyen. Il connait toutes les arcanes, les hommes qui comptent, ce qu’il faut faire ou pas. Il n’est pas le seul mais il est le seul aujourd’hui en proie à des ennuis judiciaires qui l’ont amené sur le devant d’une scène shakespearienne. 

Janvier 06 : Philippe Douste-blazy est envoyé à Tripoli pour lancer la négociation sur la « libération des infirmières bulgares ». 

2007

Fin Juillet: (Nicolas Sarkozy a été élu président de la République). Episode rocambolesque de  la libération des infirmières bulgares« , auquel participe très activement Cécilia Sarkozy alors épouse du chef de l’état. Selon des sources tant français que libyennes ou bulgares, aucune libération, aucun règlement du  « dossier » n’a pu être possible sans que de l’argent, beaucoup d’argent n’ait circulé et que des promesses spécifiques ou avancées signifiantes dans des contrats en cours, aient été alors mises sur le « tapis » des négociations.

Ce que confirme Saif al-Islam Kadhafi, fils du guide, celui longtemps présenté comme le « successeur idéal », et qui gère la toute puissante fondation Kadhafi : Il affirme alors notamment que ce qui a permis de régler l’affaire -avec les français s’étant posés comme intermédiaires gracieux- est un contrat d’armement se révélant décisif. La France elle bafouille un peu. L’éphémère porte-parole de la présidence David Martinon déclare alors: « J’imagine que c’est vrai », sans alller plus loin. Il sera repris par Nicolas Sarkozy affirmant qu’il n’y a eu aucune contrepartie.

Nicolas Sarkosy, qui pourtant, ne ménageant pas sa peine s’en va  à Tripoli  pour « aider la Libye a réintégrer le Concert de Nations ». Il est reçu par le guide sous la tente. C’est là que les choses vont prendre véritablement tournure financièrement.  Contrats pharamineux, et intermédiaires ( obligés ou non) s’en foutant plein les poches. Sont alors révélées la signature d’accords de fourniture à la Libye, d’une usine de de désallement  d’eau de mer.  Le Président de la République signe un mémorandum prévoyant la construction d’un REACTEUR NUCLEAIRE CIVIL.

2 aout 2007: la Libye annonce la signature d’un contrat d’armement avec une filiale d’EADS. Montant total: 296 millions d’euros. Un des contrats concerne des missiles de guerre anti-char MILAN: 168 million d’euros. L’autre contrat avec EADS sur des systèmes très pointus de communications  TETRA signé avec EADS porte sur un montant de 128 millions d’euros.

mais une fronde s’élève a gauche sur les « contreparties » qui auraient été accordées en échange de la libération des infirmières libyennes… Aux EU,  Nicolas Sarkosy affirme alors que la France ne vendra pas de réacteur nucléaire à la Libye. Un « léger nuage » qui ne gâte pas pour autant le « beau ciel bleu ».

Novembre 2007: Kadhafi plante sa tente à Paris. Aucun de ses caprices ne sont refusés. Et les contrats sont signés en pagaille. Au moins une dizaine pour un montant approximatif de 10 MILLIARDS d’EUROS. Avions AIRBUS, Paquebot (société STX), matériel concernant le nucléaire civil et d’autres secteurs civils (agriculture, pèche…). Contrats d’exploitation de gaz (société TOTAL), ou son entremise rapportera plus de 6 millions d’euros de commissions au seul Ziad Takieddine.

2009

Alors que les affaires vont bon train, que les visites privées à Tripoli -hautes personnalités, hauts fonctionnaires français) se succèdent à Tripoli, (tout le monde veut y aller), Alain Joyandet, représente la France au 40ème anniversaire de la « Jamahiriya », la révolution libyenne, le putsch et la prise de pouvoir par le colonel Kadhafi. Les noms de divers Ministres ainsi que ceux de flics de très haut-vol sont cités par l’un des organisateurs/témoin des ces voyages en Libye, qui me l’a confirmé. Claude Guéant a fait partie de ceux-là. A plusieurs reprises. Mais ses activités gouvernementales d’alors, et les incroyables circuits de business entrain de se monter pourraient le justifier techniquement. « Reste avoue une autre source que pendant quelques années, sous l’ère Sarkosy, avant que le vent ne tourne radicalement, la France a commercé comme jamais avec Tripoli, suportant tous les caprices du « Guide ».  Jamais autant de gens n’ont « fricoté » avec Kadhafi, qui n’avait aucun sens de l’argent et pouvait distribuer les millions comme des grains de sable. Des gens de très haut-niveau se sont montrés prêts à tout pour une rencontre avec le guide. Et c’est ainsi que dans un sens comme dans l’autre, des sommes folles sont passées de main en main, ou de compte à compte…. »

2011

Le Printemps arabe, la révolte des peuples… Tunisie, Egypte… lorsque la contagion gagne la Libye, les premières manifestations sont immédiatement réprimées dans le sang. Tournant casaque, la France prend le leadership sous la férule de Nicolas Sarkozy de l’intervention militaire (Opération Harmattan). Tout en en laissant les rênes larges à la diplomatie parallèle pour essayer d’obtenir le départ de Kadhafi. C’est à cette époque, emmenant un journaliste dans ses bagages pour une ITW avec celui qui refusera toute concession que Ziad Takieddine réussit un dernier mystérieux coup de poker, déjoué par les douanes françaises qui retrouveront (sur dénonciation?) à son retour dans l’avion privé de Takieddine, 1,5 millions d’euros en liquide. Takkiedine n’en aura pas moins, selon ses dires, réussi auparavant à ramener trois valises pleines de cash.

2012

FOCUS: L’un des personnages-clés de  » l’histoire », intime de Takieddine, et dont on reparlera s’appelle Bachir Saleh, aujourd’hui ex-secrétaire tout à fait particulier du guide et « banquier » de la maison Libye, ayant eu les clés des coffres et tenant les livres de compte,  il a longtemps vécu « réfugié » à Paris après la mort de Kadhafi. Selon nos informations Le plus tranquillement du monde, « réfugié » dans un grand palace parisien du VIII ème arrondissement et  protégé  par des hommes de la police française que dirigeait…Claude Guéant, Ministre de l’Intérieur. S’il est un qui sait tout, des secrets sur le business officiel ou non entre la France et la Libye entre le clan Kadhafi et le clan Sarkosy, c’est lui…. Tant pour des raisons protocolaires que techniques et politiques dit un homme à l’époque à la croisée des chemins, Claude Guéant et Bachir Saleh ne pouvaient pas ne pas connaitre… Ils s’étaient rencontrés à plusieurs reprises en France et avaient noué des liens solides. Le secrétaire de particulier de Kadhafi  était encore à Paris lorsqu’une première fois, pendant la campagne présidentielle, l’affaire d’un possible financement à hauteur de 50 millions d’euros de la campagne électorale de Nicolas Sarkosy a éclaté.  Le document fourni alors par Mediapart mais contesté, étant une note, signé par le numéro2 du régime et patron des services de renseignements libyens,  donnant pour ordre au grand-argentier du régime  » de faire le nécessaire »….

Depuis Bachir Saleh s’est discrètement éclipsé, sans avoir jamais été inquiété par la police ou la Justice française et il a quitté le territoire national, emportant avec lui son précieux savoir. Un homme invisible mais qui figurait et figure pourtant encore sur la liste des « Most Wanted », (les notices rouges) de l’organisation Interpol diffusées à toutes les polices du monde affiliées à l’organisation. A suivre…

Document:

photo frederichelbert.com

La « notice rouge » dans le fichier des Most Wanted d’Interpol de Bechir Saleh.

Bashir Al Shrkawi alias Bachir Saleh

Elément « cocasse » dans l’histoire, la photo de Bachir Saleh figurant à la une de sa fiche de « Most wanted » a été prise à Paris!.

Frédéric Helbert


Recherche sur le blog

Entrez un terme à rechercher :

Suivre sur les réseaux

Suivre sur FaceBook
Suivre sur Twitter
Suivre par RSS

FHnewsTV

Voir l'article de cette vidéo »

À propos de l'auteur

Grand-reporter de guerre, (souvent), journaliste d'investigation, multi-médias, tous terrains, membre de l'association de la presse judiciaire, passionné par les phénomènes terroristes depuis le début de ma carrière à Europe11. Tropisme assumé pour le Moyen-Orient et la péninsule arabe-musulmane. Jamais rassasié d'infos,  accro à tous types d'enquêtes et reportages, j'aime explorer le dessous des cartes de dossiers sensibles. En toute liberté. Vos témoignages, vos infos, vos commentaires sont  bienvenus!

Rubriques

Tags

Archives


©2024 Fréderic HELBERT - Administré sous WordPress - Liberté Web - Mentions légales -  RSS - Haut de page