Frédéric HELBERT, journaliste d'investigation

Notre rôle n’est pas d’être pour ou contre, il est de porter la plume dans la plaie. (Albert Londres)


Israel vs Palestine: Pluies de roquettes, ripostes aériennes: la relance d’un conflit « oublié ».

Publié le 12/11/2012 à 01h11 | , , , , , , ,  | Écrire un commentaire

Israël vs Palestine. Le réveil des armes. Les roquettes de la colère.

La Syrie, La Libye, L’Egypte, les suites des printemps arabes, l’incertitude sur un duel guerrier entre Israël et l’Iran, les tensions au Liban… Autant d’événements qui ont peu à peu escamoté des unes des médias les soubresauts d’un conflit essentiel, qui n’en finit jamais, où l’on parle sans cesse d’un processus de paix fantôme, où les durs (les faucons) au pouvoir à Jérusalem ne sont prêts à aucune concession. De l’autre côté, le Hamas qui a mis la main sur Gaza, y fait régner sa loi. La population n’a pas le choix. Elle survit toujours pour l’essentiel grâce au compte-gouttes de l’aide humanitaire internationale.

Dans ce contexte, face à l’impasse politique récurrente, une nouvelle explosion de violences due à une offensive de roquettes lancées à partir de la bande de Gaza, ramène ce conflit vieux de 1948, et à l’origine de bien des maux et des dérives au Proche-Orient, ou dans la péninsule arabo-musulmane sur le devant de la scène.

Même scénario depuis Samedi..

Depuis samedi dernier plus d’une centaines de roquettes (divers modèles) ont été lancées à partir de la bande de Gaza par des activistes armés vers Israël. Peu auparavant une jeep militaire des forces armées israéliennes avait été visée par un tir de RPG (lance-roquettes manuel) qui a blessé 4 soldats israéliens, dont un se trouve dans un état critique.  Israël a répliqué par des raids aériens dès samedi. Mais l’escalade s’est poursuivie dimanche. Selon plusieurs sources à Gaza, les revendications se sont multipliées. Le Jihad islamique, les brigades al Qods, (aile militaire du Fatah), les brigades Ali Mustapha (Front populaire pour la libération de la Palestine),  et d’autres faction ont affirmé être derrière les attaques. Le Hamas au pouvoir à Gaza, affirme pour sa part, avoir « facilité les frappes, et le retrait en bon ordre des équipes de tireurs de roquettes, ajoutant que les cibles visées étaient des cibles « légitimes« .

Israël a répliqué par des raids aériens. Mais personne ne calme ses ardeurs pour l’heure. Israël affirme cibler ses frappes. Les roquettes continuent à tomber sur le sud de l’état hébreu. Le premier Ministre Benjamin Netanyahu, Ehud Barak, ministre de la Défense, et le commandant en chef de l’armée israélienne, le général Benny Gantz, ont réuni un cabinet de sécurité, ont ordonné que des renforts lourds soient acheminés aux portes de la bande de Gaza, et qu’un plan d’attaque soit mis au point. Ehud Barack a affirmé que plusieurs options étaient sur la table…Qu’Israël tenait le Hamas pour principal responsable de l’escalade, que les répliques seraient de plus en plus violentes, si les roquettes continuaient à s’abattre sur Israël. Le Maire de Beersheba, touché, le Week-end dernier par des tirs de roquettes, réclame « une guerre d’usure » contre le Hamas.

Les Roquettes palestiniennes: Un réservoir inépuisable, une utilité discutée, un casus-belli pour Israël…

Reste que, militairement, mettre fin aux tirs de roquettes sur Israël, est une gageure. Tsahal qui s’y est essayée à plusieurs reprises, au cours d’opérations d’intensité diverses, n’y est jamais parvenu. Pas même en 2009 où toute la puissance de feu israélienne fut requise. 

« Les israéliens n’ont jamais trouvé la parade, jamais  dit à Gaza un expert, opposé à l’utilisation inutile et génératrice d’épisodes guerriers sanglants. Les roquettes le plus souvent (« home-made », artisanales) sont fabriquées dans des ateliers clandestinsCe sont des armes peu sophistiquées, dont la construction et l’utilisation ne nécessitent pas la maîtrise de grandes technologies ni une forte expertise technique. Une fois fabriquées, il suffit de quelques minutes pour les tirer. Elles sont légères maniables, faciles à cacher, et à mettre en oeuvre… Un trépied déployé dans une zone dégagée de Gaza, bordant le Sud d’Israël. L’installation rapide de la roquette, un calcul très rudimentaire pour viser, non une cible précise, mais une région déterminée. (Comme la ville de Sderot, la plus proche de Gaza), et sitôt la fusée tirée, les activistes replient tout et s’évanouissent dans la nature. Une seule roquette a un pouvoir de destruction très faible. Certaines n’explosent même pas, se plantant dans le bitume à leur point d’impact. Mais les activistes en fabriquent autant qu’ils veulent. L’armée Israélienne, malgré sa sophistication,  ses moyens de détection, et de tirs de contre-batteries, n’a jamais trouvé le moyen de contrer efficacement le lancement des roquettes« .  Des milliers de ces missiles baptisés « Katiouchas » ont été tirés depuis Gaza, mais à leur point d’impact, -même si elles ont déjà tué- les dégâts sont souvent mineurs. Reste l’effet de terreur psychologique ancré dans les esprits, et infiniment supérieur aux effets réellement destructeurs. 

Sderot en sait quelque chose. C’est une petite ville aux allures charmantes. Rues bien ordonnées, Pavillons aux jardins fleuris, commerces, installations communales impeccables.Une ville où il fait bon vivre? Une ville ou il ferait très bon vivre si la bourgade n’était sans cesse confrontée aux tirs de roquettes. « On n’y peut rien » se lamente un officiel palestinien. On ne peut pas tout contrôler. Il y a toujours eu, il y aura toujours, des activistes armés capables de lancer des roquettes. Et déjouer l’hyper-technologie israélienne. la puissance des Katiouchas est faible. « Il faut vraiment être au mauvais endroit au mauvais moment, pour être touché » confesse un expert en balistique israélienne avec peu de moyens. Coté israélien, le lamento n’est guère convainquant. les gens sont à bout. Mais si au regard des dégâts, ou des pertes causées, les tirs de roquettes sont négligeables en termes d’appréciaition militaire, les roquettes, le sifflement qu’elles font lors de leurs approches, les sirènes d’alerte qui déchirent les tympans, tout cela empoisonne la vie des habitants de Sderot. « Psychologiquement, c’est intenable. On ne sait jamais quand ni où ça va tomber. On est parfaitement impuissant » dit un habitant. Le plus grave est que notre armée l’est aussi. Une impuissance qui fait enrager tant civils victimes, d’une manière ou d’une autre, de ces tirs que militaires incapables de les stopper.

Tsahal en effet n’a pas trouvé la parade. Sderot, est la dernière ville israélienne, séparée de la bande de Gaza, par un immense terminal douanier, et une barrière de sécurité que les roquettes ignorent… Elles volent à basse altitude. En quelques minutes elles sont tirées, et quelques minutes plus tard, elles s’abattent  sur  la ville, parfois dans un jardin, sur le toit d’une maison, la cour d’une école, parfois au milieu de nulle part dans une zone déserte. Les calculs pour déterminer une distance et une cible précises sont impossibles … Mais cela dure jour après jour, mois après mois et depuis des années. Peu importe que la charge explosive soit minime, et que le nombre de victimes directes apparaisse « faible », si l’on compte avec les milliers et milliers de roquettes artisanales envoyées.

« C’est le fait de vivre avec cette menace en permanence » qui finit par nous ronger les nerfs et nous rend fous confie un retraité.

2009, l’opération « Plomb durci »

En 2009, Tsahal lance une opération air/terre/mer, sans limite opération au nom de code sans équivoque: « Plomb durci ». Et le plomb durci va s’abattre sur Gaza d’une manière terrifiante. Les demandes de cessez-le-feu immédiates à l’ONU restent sans réponses. L’opération va faire plus de 1400 morts chez les gazaouites, (dont 800 civils), 320 enfants 111 femmes (bilan donné par l’ONG israélienne Bet’selem). Bilan contesté par l’armée affirmant  que seuls 1166 personnes avaient tété tuées dont Plus de 700 étant des activistes armés. Un bilan, quelle que soit la guerre des chiffres, hors-normes, et n’ayant pas permis d’assurer l‘objectif avoué qui était d’en finir avec les capacités du Hamas, du Jihad islamique ou de tout autre groupe armé, de lancer des roquettes. Tsahal assurait alors détruire jours après jours, ateliers de fabrication de roquettes, stocks de katiouchas, et unités spécialisées dans le maniement de ce type d’armes… De fait, un but de guerre non atteint, les roquettes ont continué, même sous la mitrailles de « Plomb durci »à être envoyées de Gaza, et ce, jusqu’au cessez le feu obtenu par une administration qui prenait à peine ses marques… L’administration Obama, qui venait d’être élu pour la première fois. « Le président US voulait à tout prix -confiait alors un de ses conseillers- que le cessez le feu entre en vigueur avant le jour de son intronisation officielle et de sa prestation de serment. Le bras de fer avec les israéliens fut dur. Mais Obama obtint gain de cause, ce qui fit croire aux plus optimistes que l’homme qui allait pouvoir enfin imposer la paix aux deux camps était arrivé… Il n’en fut rien. Rien n’a été réglé depuis. Seule la méthode forte continue à parler, et les divisions internes et entre les deux camps sont plus forte que jamais.

Le retour de Netanyahu, Dur parmi les durs

La victoire aux élections législatives peu après la fin de l’opération « Plomb durci » de benjamin Netanyahu et son alliance avec le parti russophone ultra d’Avidgor Lieberman,  porte un coup très rude à un « processus de paix » congelé depuis longtemps. Et qui ne sera pas relancé. Un processus contre lequel Benjamin Netanyahu a toujours été opposé. Depuis sa naissance et particulièrement lorsque Ytzhac Rabin, l’ancien général, le conquérant de Jérusalem, l’un des adeptes de la méthode forte pour briser l’Intifada, l’homme qui, « converti » à l’équation « la terre contre la paix », s’engagea de toutes ses forces dans le processus de paix en suivant l’adage: « Je me bats pour la paix comme s’il n’y avait pas de terrorisme, et je combats le terrorisme comme s’il n’y avait pas de pourparlers de paix. Rabin qui paya de sa vie son engagement, après une terrible campagne de presse, et des manifestations ou des juifs, brandissaient des portraits du 1er ministre israélien en uniforme Nazi, (enquête à suivre).

Les options militaires

C’est aujourd’hui à Netanyahu l’intransigeant,  déjà au coeur d’un violent débat interne sur l’attitude à adopter contre l’Iran, d’arbitrer… Selon des informations émanant de l’Etat-Major de l’IDF, Ehud Barak et le général Benny Gantz ont mis 3 options en avant, qui permettraient à Tsahal d’agir. La première selon nos sources consisterait à une opération à l’intérieur de Gaza, mais « limitée » selon les termes employés, visant essentiellement à « casser les lignes d’approvisionnement, les fabriques et stocks d’armes et de roquettes, et à tenter une nouvelle fois de briser les reins du Hamas. Le second plan est beaucoup plus radical, envisageant une nouvelle occupation totale de la bande de Gaza! La troisième option qui a les faveurs de l’ennemi intime de Benjamin Netanyahu, son ancien allié, le général Mofaz, un dur aussi, mais farouchement opposé à une guerre contre l’Iran, serait une relance de ce que les israéliens appellent la relance des « assassinats extra-judiciaires » visant des chefs du Hamas.  « Il faut leur rendre coup pour coup » estime un haut-officier de l’IDF, sans pour autant s’engager dans une guerre à l’issue incertaine.

Mais ces opérations déjà pratiquées, pour lesquelles, l’armée israélienne utilise sa puissance aérienne, ont souvent généré des « dégâts collatéraux » et relancé le cycle de la vengeance, et l’adage si souvent appliqué dans la région: Le sang appelle le sang. Et elles n’ont jamais permis, par le passé, de mettre fin aux capacités des activistes palestiniens à lancer des roquettes sur Israël. Voila encore, ou déjà à nouveau le défi d’une trêve à à trouver au Proche-Orient , sur le bureau de Barack Obama… Sur le terrain, l’escalade elle  ne cesse de continuer.

 Frédéric Helbert


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À propos de l'auteur

Grand-reporter de guerre, (souvent), journaliste d'investigation, multi-médias, tous terrains, membre de l'association de la presse judiciaire, passionné par les phénomènes terroristes depuis le début de ma carrière à Europe11. Tropisme assumé pour le Moyen-Orient et la péninsule arabe-musulmane. Jamais rassasié d'infos,  accro à tous types d'enquêtes et reportages, j'aime explorer le dessous des cartes de dossiers sensibles. En toute liberté. Vos témoignages, vos infos, vos commentaires sont  bienvenus!

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