Frédéric HELBERT, journaliste d'investigation

Notre rôle n’est pas d’être pour ou contre, il est de porter la plume dans la plaie. (Albert Londres)


Israël vs Iran: L’affaire du drone du Hezbollah classée secret-défense. Censure Militaire.

Publié le 16/10/2012 à 03h48 | , , , , , ,  | Écrire un commentaire

Mesure exceptionnelle: La censure, disposition légale en cas de menace contre les intérêts du pays a été imposée aux médias. Interdiction de montrer des images des débris du drone collectés par une unité spéciale.

Capture d’écran. Télé israélienne.

La zone de collecte des débris du drone, interdite. L’armée impose aux médias la Censure.

Cette image diffusée par « channel 10 » en Israël en dit long sur le sérieux avec lequel l’état-major israélien a décidé de superviser la collecte des débris du fameux drone de fabrication iranienne envoyé du Liban par le Hezbollah. Selon la loi israélienne, l’armée a le pouvoir en cas d’affaire grave d’imposer dans l’intérêt national aux médias une censure » interdisant la diffusion de certaines images, ou la publication de certaines informations. L’image ainsi vue sur les écrans de « Channel 10 » où l’on distingue un homme d’une unité spéciale de l’IDF, ramener des débris du drone aux fins d’analyse a donc été « floutée » par la chaine elle-même. En Israël, personne ne triche avec la censure militaire, mesure d’exception, aux risques de s’exposer à des sanctions professionnelles ou pénales.

Un vaste périmètre autour des lieux du crash du drone abattu par un F16 de l’IAF, a été totalement bouclé par Tsahal, et déclaré zone militaire interdite. A l’intérieur de ce périmètre, dans la région du Neguev, opèrent les hommes d’une unité d’élite , l’unité 699 « search and rescue ». Ce type d’unités est spécialisé dans la recherche d’appareils abattus et le sauvetage des pilotes israéliens. Elle a été mise à contribution dans un cadre très spécial, puisque ce sont les débris d’un drone -pulvérisé en plein vol après deux tirs de missiles « Panther » (le premier fut manqué)- engin sans pilote ennemi détruit l’aviation israélienne qui sont intensément recherchés.

Le méli-mélo politique et technique

L’affaire est l’objet d’un débat public entre d’un côté les officiels israéliens  de l’autre les officiels iraniens et les hommes du Hezbollah . Le sheihk Nasrallah, leader de l’organisation chiite a clamé avoir été à l’origine de l’envoi du drone, à partir du Liban. De hauts militaires et dignitaires iraniens ont confirmé, expliquant que ce drone était une copie conforme d’un appareil américain ultra-sophistiqué (le RQ170) qui s’était « abimé » sur le sol iranien en 2011, mais avait été  récupéré puis confié par les iraniens à des ingénieurs spécialisés ayant réussi à casser les codes secrets, les logiciels, les disques durs, la data-base  de l’appareil. Qui étrangement ne disposait pas de système d’auto-destruction, à moins que celui-ci ne se soit pas déclenché. C’est en tous les cas la version officielle iranienne qui a affirmé par la suite avoir réparé le drone,  l’avoir re-formaté, repeint à leurs couleurs, et même avoir réussi à le clôner. Version toujours niée par les américains assurant qu’il était impossible de casser les secrets de l’électronique et l’informatique embarquée à bord du drone. Et qu’il fallait des moyens ultra-sophisitiqués pour pouvoir piloter à distance un tel engin.

Par delà ce débat, Hassan Nasrallah a  affirmé que le drone lancé par le Hezbollah, le shahid (shaeed) 129, était la fameuse copie conforme (assemblée dit-il au Liban)  du drone US, et qu’il avait déjoué tous les systèmes radars côtiers d’Israël… Encore un point nié par l’état major de L’IDF (Israelian Défense Force), qui dit avoir contrôlé totalement l’entrée de l’appareil dans l’espace aérien de l’état hébreu, et l’avoir laissé volontairement s’enfoncer 50 kilomètres en territoire israélien, avant de l’abattre au dessus d’une zone déserte. Justement pour récupérer un maximum de débris du drone, et faire le clair sur le degré réel de technicité dont les iraniens l’ont doté. Un vrai « polar militaire » qui passionne, inquiète le le pays, à l’heure ou la tension entre Israël et l’Iran est au plus haut et que plane le spectre d’une guerre possible entre les deux états.

Les bédouins du Neguev champions de la collecte de débris

Elément cocasse dans ce feuilleton qui n’en finit pas ( cf 2 enquêtes précédentes), ce sont des bédouins du Neguev qui ont retrouvé l »essentiel des débris, dont notament des morceaux de fuselage, d’ailes, et certainement d’électronique embarquée, mais la censure militaire interdit toute diffusion d’information sur cette partie la plus sensible de l’enquête. L’armée n’a permis aux médias de filmer les débris retrouvés. Mais les autorités israéliennes affirment  avoir récupéré a peu près l’équivalent de la moitié du drone, ce qui serait suffisant pour procéder à des analyses poussées, afin de déterminer le degré de sophistication d’un drone dont les iraniens disent qu’il possède toutes les possibilités en matière de reconnaissance, de transmissions instantanées de données filmées,  de combat, de portée, de navigabilité, établies par les ingénieurs américains…

La censure militaire reste en  l’état en vigueur. Et le mystère entier. 

Frédéric Helbert.


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À propos de l'auteur

Grand-reporter de guerre, (souvent), journaliste d'investigation, multi-médias, tous terrains, membre de l'association de la presse judiciaire, passionné par les phénomènes terroristes depuis le début de ma carrière à Europe11. Tropisme assumé pour le Moyen-Orient et la péninsule arabe-musulmane. Jamais rassasié d'infos,  accro à tous types d'enquêtes et reportages, j'aime explorer le dessous des cartes de dossiers sensibles. En toute liberté. Vos témoignages, vos infos, vos commentaires sont  bienvenus!

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