Frédéric HELBERT, journaliste d'investigation

Notre rôle n’est pas d’être pour ou contre, il est de porter la plume dans la plaie. (Albert Londres)


Sécurité JO: Le GIGN en alerte.

Publié le 26/07/2012 à 23h37 | , ,  | Écrire un commentaire

Alors que le système anglais, associant policiers, militaires, agents des services de renseignements, et des milliers de personnels recrutés une compagnie de sécurité privée a déjà montré quelques lacunes inquiétantes, en France, le GIGN, s’est préparé aussi depuis de longs mois à une éventuelle intervention contre-terroriste qui serait liée à la tenue des JO de Londres. L’unité d’élite de la gendarmerie nationale, qui depuis 2007, s’est réorganisée, regroupant toutes ses unités sur le site de Satory et développant un système complet pour faire face au péril terroriste, s’est polarisée sur sa capacité d’intervention contre des attaques ou prises d’otages de masse. Un risque qui existe bel et bien sur un point particulièrement sensible en cette période ou des millions de voyageurs vont aller à Londres, et en revenir. Le GIGN a travaillé dans la discrétion ces derniers mois sur une « hypothèse » qui est loin d’être à négliger. La prise d’otages d’un TGV entier, en l’occurrence d’un EUROSTAR, le train qui effectue quotidiennement les liaisons Paris-Londres. Certes cette ligne fait l’objet d’une attention particulière de la part de la SNCF. (contrôle des voyageurs au départ, passage aux rayons X des bagages) mais le risque existe toujours. Alors le GI comme l’appellent familièrement ses membres, a effectué des simulations d’opérations inédites. (Libération d’un train pris en otage et piégé par des terroristes). Mise en place de stratégies adaptées, et d’un dispositif particulier. Pour faire face… au cas ou. Des équipes sont aujourd’hui en alerte permanente prêtes à intervenir, si une telle éventualité devait se produire. Elles ont répété soigneusement en condition simulée, toutes les phases d’une opération de ce type relevant du  contre-terrorisme ferroviaire .

Récit:

28 novembre 2011. 3heures du matin.  Dans le Pas-de-Calais, près d’Hénin-sur-Cojeul , une rame de TGV est immobilisée en rase campagne. Il ne s’agit pas d’une panne. Le TGV tout entier a été pris en otage par des terroristes armés. Le GIGN alerté va intervenir. Scénario de cinéma? Non mais simulation des plus sérieuses, en conditions réelles. Le premier exercice d’une telle ampleur jamais organisé. Dans le strict cadre de la préparation aux Jeux olympiques de Londres. Préparation pareille à celle des athlètes que celles des hommes du GIGN. qui ont décidé de s’entrainer à parer la menace d’un terrorisme qui viserait une rame de l’EUROSTAR, le TGV trans-Manche.  Jamais auparavant, une telle opération ou collaborent les gendarmes d’élite, et la direction de la SNCF, (qui ont signé une convention de collaboration) , n’a été organisée. Et pourtant le risque d’une attaque contre une rame apparaît pour les expert du GI, comme une évidence.  » Qui n’a jamais remarqué la différence entre les contrôles en milieu aéroportuaires, et la faiblesse de ceux en milieu ferroviaire?  » fait remarquer un des « tauliers » de cette opération spéciale. Dans les environs personne n’a été prévenu. Pour la première fois une rame entière d’un TGV est vouée à l’exercice qui doit se dérouler dans des conditions les plus proches de la réalité. Il a fallu convaincre la SNCF qu’elle ne reviendrait pas transformée en passoire! La situation? Quatre terroristes armés jusqu’aux dents, (rôle joué par des hommes du GIGN) ont pris en otage vers 21h une rame entière d’un TGV, censée être tout juste partie de Londres, et bondée de voyageurs (des agents de la SNCF). Le conducteur du train donne l’alerte et verrouille son poste de conduite de l’intérieur. A Paris, l’alerte est transmise au département  » expertise et défense  » de la SNCF. Sur place 9 gendarmes du peloton spécialisé de protection de Gravelines s’installent à distance pour tenter d’évaluer la situation. La rame est dirigée à l’écart vers des voies d’évitements. Appelées en renfort par le Préfet, les équipes du  GIGN foncent à bord de leurs véhicules blindés aux vitres fumées vers les lieux. L’intérêt dans cette manoeuvre explique le capitaine…., c’est que toutes les composantes qui font la force de l’Unité vont être mises à contribution.

Un PC de crise est installé. A l’écart, dans la salle des fêtes d’Hénin-sur Cojeul!  Mais en lien audio et vidéo constant avec les forces d’intervention ou d’appui. Pour l’occasion et permettre un meilleur debriefing, une fois « l’opé » bouclée, des gendarmes ont équipé leurs casques lourds de mini-caméras. Ce PC va rester en contact permanent avec le poste de commandement de la SNCF à Paris. sur les murs s’étalent, plans, photos, données opérationnelles.

Sur place, dans la nuit, les tireurs d’élite de la cellule « tirs spéciaux » se mettent en place. Les négociateurs rentrent en action pendant qu’un plan d’assaut est établi. Pour y parvenir, le GIGN va notamment utiliser les hommes de la FOR, (Force observation recherche), des hommes équipés légèrement dont l’objectif est d’approcher au plus près de la zone d’intervention et de recueillir  un maximum d’informations sur la situation, et les éventuelles possibilités d’actions en force. Chaque geste des hommes, est retransmis sur un écran installé au PC, via les caméras miniatures fixées aux casques lourds des hommes du Groupe.

Les négociations sont infructueuses. Alors vient l’heure de l’entrée en scène des hommes de la FI, la Force d’Intervention (Une centaine d’hommes au total au GIGN, 4 sections capables d’opérer de manière autonome), appuyée en l’espèce par une section de la Force Sécurité-Protection, assurant les arrières.

A 6 heures du matin l’assaut est donné. En quelques instants (sans dévoiler les secrets de la FI…) le GIGN se rend maître de la rame. Bilan: 28 otages libérés, deux décédés. 4 terroristes abattus.

C’est à partir de cette « première », où les hommes ont travaillé dans les conditions les plus proches de la réalité, qu’un retour d’expérience, a permis de peaufiner  en interne, et d’améliorer au mieux la technique d’intervention. Aujourd’hui, face à cette possible menace ou d’autres liées à la tenue des JO, les hommes sont prêts à intervenir.  » Nous savons dit le lieutenant X que si cela devait arriver, nous avons tout fait pour être aptes à réagir au plus vite, et au mieux. Nous n’avons pas joué à la guerre. Pour nous, ce type d’entrainement, au plus proche de réelles situations de crise, est la base essentielle de ce que peuvent être nos succès en opérations « .

Des entraînements souvent poussés sans aucune concession jusqu’à l’extrême. Le GIGN est la seule unité d’intervention d’élite qui a perdu, depuis sa fondation, 5 hommes à l’entraînement. Plus qu’en opération.

Frédéric Helbert


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À propos de l'auteur

Grand-reporter de guerre, (souvent), journaliste d'investigation, multi-médias, tous terrains, membre de l'association de la presse judiciaire, passionné par les phénomènes terroristes depuis le début de ma carrière à Europe11. Tropisme assumé pour le Moyen-Orient et la péninsule arabe-musulmane. Jamais rassasié d'infos,  accro à tous types d'enquêtes et reportages, j'aime explorer le dessous des cartes de dossiers sensibles. En toute liberté. Vos témoignages, vos infos, vos commentaires sont  bienvenus!

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