Frédéric HELBERT, journaliste d'investigation

Notre rôle n’est pas d’être pour ou contre, il est de porter la plume dans la plaie. (Albert Londres)


Merah: les ratés fondamentaux de l’enquête, qui ont « permis » la tuerie de l’école juive de Toulouse.

Publié le 06/06/2012 à 09h27 | , , , , , , , , , , , ,  | Écrire un commentaire

Point n°1: Le système anti-terroriste a tardé à se mettre en route. Alors qu’il aurait dû être activé dès l’assassinat du premier militaire à Toulouse (appartenant à un régiment participant aux opérations françaises en Afghanistan) tué d’une balle en plein front alors qu’il allait à un rendez-vous pour vendre sa moto.

Point n°2:  Ce premier assassinat a été permis grâce à un rendez-vous fixé via un contact internet. Or Mohammed Merah, (que certain présentent comme un terroriste formé à toutes les techniques par un chef  francophone connu d’al Qaida, lors de ses voyages en zone AFPAK (Afghanistan/Pakistan), a utilisé l’ordinateur portable de sa mère. Le temps qui a été mis pour retrouver, isoler l’adresse IP de cet ordinateur a été anormalement long. Alors que l’urgence absolue guidait. Les enquêteurs ont mis 5 jours à déterminer cette adresse IP, là où un magistrat anti-terroriste confirmé, dit que cela peut être fait en quelques heures.

Point n°3:  Après la tuerie des paras de Montauban, le pouvoir éprouve encore de la réticence (en pleine période électorale) à saisir les autorités anti-terroristes. la Police cherche désespérément du coté d’une piste d’un trafic, puis du coté de celles de Militaires ayant affichés des opinions néo-nazies, et(ou) liés à l’extrême-droite. Trois militaires ayant été chassés de l’armée pour avoir réalisé des photo en faisant le salut hitlérien devant un drapeau du III ème Reich, sont retrouvés et interrogés. D’autres militaires d’active le sont aussi et diront confidentiellement avoir été traités « comme des coupables ». Plusieurs milliers de dossiers sont examinés en interne, comme si cette piste, était celle qui dans un contexte d’une forte poussée du F.N eut été « idéale » pour le pouvoir en place… Autant de temps perdu pour chasser du coté d’une action de terreur jihadique.

Point n°4: Le Parquet Général, dépendant directement de la Chancellerie finit par ouvrir avec réticence une enquête préliminaire. Confiée à la section du Parquet anti-terroriste de Paris qui est saisi. Ce qui revient à dire que le politique garde la main, puisqu’aucun juge d’instruction spécialisé n’est saisi. ce qui se révélera être une erreur aux conséquences redoutables.

Point n°5: En effet, au moins l’un de ces juges, Marc Trévidic, secondant alors le grand boss de l’anti-terrorisme, le juge Bruguière,  avait dirigé le démantèlement dans la région de Toulouse d’un réseau jihadiste (notamment spécialisés ds la constitution de filières d’envoi de « volontaires » en Irak via la Syrie). Une opération menée par la SDAT (la sous direction nationale anti-terroriste). Des connexions ont été  faites alors directement entre ces réseaux et Abdelkader Merah ainsi que son petit frère Mohammed, inquiété mais pas plus. Ces connexions ressortiront mais, étrangement, bien trop tard, une fois « le tueur à la moto » mort à l’issue du dernier assaut du RAID.

Point n°6: Lorsque le Parquet anti-terroriste est saisi, il confie officiellement la tête de l’enquête à la SDAT (Sous Direction Nationale Anti Terroriste) qui semble avoir la mémoire courte…. La DCRI  (ayant absorbé la DST au cours de sa fusion avec les RG) n’est chargé que d’opérer en « back office ». Faut-il y voir une volonté de la DCRI de rester en retrait sur une affaire qui pourrait se montrer embarrassante pour elle?. Les relations entre les SDAT et la DCRI étant de notoriété policières, détestables, la DCRI, qui établira assez rapidement grâce à son back-ground et son expérience une « short-list » de dix noms suspects sur lequel figure celui de la mère de Mohammed Merah, (Zoulikha AZIRI) mettra 48h à la donner à la SDAT. Des policiers argueront qu’ils n’ont pas « percuté » puisque le nom n’était pas le même. Argument « pauvre »: Un simple enquête  un peu poussée aurait permis alors rapidement de démontrer que la mère de Mohammed Mérah avait repris son nom de jeune fille, après son divorce d’avec le père du « tueur à la moto » reparti vivre en Algérie. Et que cette même femme, aura par la suite, épousé brièvement le père de Sabri Essid.ami de Merah. Sabri Essid sera arreté plus tard les armes à la main en Syrie. Et lorsqu’il se retrouvera en prison, Mohamed Merah viendra plusieurs fois le voir… (C’est d’ailleurs Sabri Essid, que l’on retrouvera « à la manoeuvre pour diriger les obsèques de Mohamed Merah, ou il se présentera comme son demi-frère à un journaliste de Paris-Match)

Bilan: C’est un grand expert de la lutte anti-terroriste qui le dit:  » Si tous ces points, connus, avaient été facilement mis bout à bout, s’il y avait eu un juge spécialisé compétent nommé pour faire les connexions, ce qui aurait dû être le cas, si ce magistrat avait tapé du poing sur la table pour exiger une coopération pleine des services mobilisés, et que TOUS les éléments connus soient mis à jour et exploités, alors Mohammed Merah aurait pu, dû, être identifié, ( s’il ne l’avait pas déjà été « tamponné d’une autre manière par la DCRI) et mis hors d’état de nuire dans l’intervalle, avant qu’il ne s’attaque à l’école juive de Toulouse « Ozar Hatorah ». C’est terrible à dire. Mais cela apparait à  la fois comme une évidence. Et comme l’un des mystères quant à la gestion de cette affaire d’état, ou l’état et ses services ont de fait littéralement failli ».

Tous ce points sensibles, notamment les derniers seront suivis et développés ultérieurement ici-même.  A l’évidence, tant en amont, au niveau du renseignement, que lors de l’enquête de flagrance, puis de l’assaut final, l’ont peut dresser une liste impressionnante d’ erreurs, de fautes, parfois grossières,  d’oublis (volontaires?), qui laissent pour le moins perplexes, si ce n’est sans voix,  et ont eu des conséquences tragiques.  apparaissant pour nombre d’acteurs de la lutte anti-terroriste, comme inadmissibles, dès lors qu’elles auraient pu être potentiellement évitées sans grande difficultés en temps et en heure. Et de fait permettre de sauver des vies. Reste à savoir maintenant si les enquêteurs, chargés de mener les investigations sur l’ensemble du dossier, auront le courage et la possibilité de pointer des failles aux conséquences irrémédiables pour les familles de victimes meurtries.

Frédéric Helbert.


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À propos de l'auteur

Grand-reporter de guerre, (souvent), journaliste d'investigation, multi-médias, tous terrains, membre de l'association de la presse judiciaire, passionné par les phénomènes terroristes depuis le début de ma carrière à Europe11. Tropisme assumé pour le Moyen-Orient et la péninsule arabe-musulmane. Jamais rassasié d'infos,  accro à tous types d'enquêtes et reportages, j'aime explorer le dessous des cartes de dossiers sensibles. En toute liberté. Vos témoignages, vos infos, vos commentaires sont  bienvenus!

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